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Affaire charbon Essakane

Cette gestion opaque de certains cadres

Depuis quelques jours, une affaire de transfert opaque de charbon fin qui a été rendu public par le Rédacteur en chef du journal Le Reporter, Ladji Bama, sur sa page Facebook fait des vagues. Selon les révélations du journaliste d’investigation, il s’agirait purement et simplement d’un gros détournement de ressources dont l’État s’est fait complice avec la mine Essakane S.A, une structure du reste cotée en Bourse.

Les détails de l’enquête nous font voir que le charbon imbibé d’or impur était au point d’être emmené en Europe pour être traité. Sur les documents. Était mentionné un produit d’une valeur de plus de 7 milliards de francs CFA. Une grosse valeur pour des résidus ! Mais la "Douane locale" de Bobo-Dioulasso aurait intercepté le cargo pour défaut de légalité. Pourtant l’État burkinabè avec lequel la société des mines ESSAKANE S.A a traité le dossier, avait avancé des garanties d’un traitement diligent et donc d’un transfèrement sans problème. Au finish, il y a eu problème !
Le journaliste qui révèle le caractère suspect de l’Affaire conclut qu’il s’agit là d’une fraude de la Société avec la complicité de l’État. Ce serait là qu’il aurait commis un crime de lèse-majesté. Il aurait fallu une telle conclusion pour que le Gouvernement monte sur ses grands chevaux pour justifier l’injustifiable.

Une mauvaise communication du Gouvernement

De l’extraction, au conditionnement, en passant par le transport par train du charbon fin, le Directeur des Mines, Emmanuel K. Yaméogo a déclaré sur le plateau de la RTB que toutes les structures techniques de l’État y ont été associées, à savoir le Bureau des mines et de la géologie du Burkina ( BUMIGEB), son département spécifique, le ministère des mines, la Douane, la Police, la Gendarmerie, les Affaires étrangères...
Une évidente fausseté car comment alors justifier que la cargaison soit bloquée ? Quel Directeur régional se serait rendu coupable d’une telle forfaiture, même dans ce Burkina post-insurrectionnel dirigé par Rock Kaboré ? Selon M. Yaméogo, il n y a pas matière à crier « oh voleur ». Il s’agit plutôt d’une procédure de vérification de la Brigade nationale anti-fraude (BNAF) de Bobo-Dioulasso. Ils sont forts et intégrés ses agents ! Viennent-ils des mêmes écoles de Douanes ou est-ce que Thomas Sankara s’est réveillé de sa tombe pour des cours à la BNAF !

Si c’est vraiment la BNAF qui en toute indépendance procède aux vérifications d’usage alors on serait là face à une situation où cette Brigade semble ne pas avoir de représentation au niveau central, à Ouagadougou. Ou encore semble n’être pas ampliative des documents de transfèrement. Or, on le sait, tel que nos administrations fonctionnent, c’est plutôt des décisions qui viennent du Haut niveau (niveau central) vers la prise de décision en bas. Pas le contraire !
Il y a mieux à relever de l’inconstance du ministère par le biais de son DG peut convainquant. Il affirme qu’il s’agit de la deuxième transaction. Comment s’est fait alors la première ? Avec quels documents ? Où sommes-nous dans une affaire où les quarante voleurs sont gruges par leur Chef et l’Affaire dévient alors publique ?

Un grave dysfonctionnement de l’Etat

Si on peut réclamer à un DG ou un responsable d’un service de l’État une rigueur dans le traitement diligent d’une affaire, il est difficile aujourd’hui de croire, sur la base des affirmations du Directeur des mines ( ndlr, ce n’est pas un DG, selon la dénomination que j’ai vu au journal de 13 heures, RTB) que l’État n’ait pris précautionnement toutes les mesures préventives et que la Brigade nationale anti-fraude ait bloqué l’acheminement. Si c’est le cas, nous serons là devant un cas de dysfonctionnement trop grave de nos institutions. L’écrit qui est la base de l’Administration aurait célèbre ses funérailles et serait ainsi stoppé qu’au seul niveau central de Ouagadougou. Et le devoir de rendre compte à ses collègues et à la hiérarchie (ampliation, Copie conforme...) qu’est ce qu’on en aurait fait de leur usage sur la chaîne d’acheminement du charbon ?

Ici serait également mis à mal le processus de la déconcentration de l’Administration. En effet, à notre sens, si les structures déconcentrées de l’État, notamment la Douane à Bobo-Dioulasso avait été prévenues, l’on ne serait pas face à un tel scenario. Au niveau de la Douane ivoirienne même l’on annonce que les agents attendaient leur part du "mangement" tant l’orthodoxie dans le transfèrement de cette cargaison dont ils ont eu vent était suspect.
2020 n’est pas loin et ce charivari dans le transfèrement du produit traduit une gestion opaque de l’Administration encore fortement dominé par les cadres du parti au pouvoir et pourquoi pas un autre coup pour mieux préparer les échéances. C’est là aussi une réalité qu’il ne faut pas perdre de vue.

Et si alors l’on s’obstine à vouloir "casser du journaliste d’investigation" comme c’est le cas avec ce communiqué pas courtois du ministère des mines, l’affaire risque de mieux « édifier" la république. Ses différents pans seront décryptés et mieux analysés par la corporation des journalistes d’investigation et autres défenseurs des droits de l’homme.

Camille Ouedraogo www.lesoleil.bf et le soleil.bf facebook

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