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Fêtes de fin d’année
Djibo attend son père Noel

La province du Soum connait ces deux derniers mois une recrudescence de la violence. Les attaques terroristes sont de plus en plus rapprochées et répétitifs. Préoccupées, les populations se demandent comment elles vont passer les fêtes de fin d’année.
Le climat de terreur qui règne sur les populations au Soum est de nature à ne pas garantir une quiétude pour ces fêtes de fin d’année. Or, bien souvent l’ambiance est féérique et trépidante dans la nuit et certains au Soum le regrettent. « Quand tu as passé une bonne partie de ta vie à faire les fêtes de fin d’année les nuits et on t’impose de les faire uniquement la journée, il y a un problème. Il y aura un gout d’inachevé si nous passons la fête de fin d’année ainsi ». Ce point de vue est partagé par une bonne partie de la population. Au niveau de la communauté chrétienne, l’on se demande s’il y aura « messe de minuit » ou « messe de nuit ». En effet, dans la liturgie catholique, la naissance du christ est annoncée la nuit et une grande joie envahissait la communauté avant la levée du jour (ndlr, le jour de la fête). « Bien souvent après la messe, joyeux, nous nous retrouvions pour prendre un verre avant de rentrer à domicile. Si le couvre-feu n’est pas levé, nous ne vivrons plus ces moments d’intenses joie », se désole Alfred un chrétien qui y tient.
De toute évidence, l’attaque de la Brigade Territoriale (BT) de Gendarmerie de Djibo le 18 octobre dernier a fait monter d’un cran la terreur au Soum. Il y avait naguère une accalmie et les populations du soum pensaient que le diable était bien loin. Que nenni, le diable est bien remis de son sommeil et il agit à présent.
Lorsqu’on échange avec les populations on a le sentiment qu’un verrou à sauter. « S’ils (ndlr, les terroristes) ont pu rentrer à Djibo sans être inquiétés c’est qu’ils peuvent planifier quelque chose de bien pire », nous confie un agent de développement. La violence armée a monté d’un cran au Soum ces jours-ci et on peut bien comprendre les inquiétudes des populations. Belehedé, Firguidi, Tongomayel… ont connu des attaques rapprochées. Le lundi 10 décembre dernier, l’école primaire publique de Firguidi a subi un acte de nature terroriste. Le bâtiment de l’école a été explosé par minage selon des sources proches du directeur. Lui-même a subi des menaces et a vu son téléphone potable et sa moto confisqués. Deux jours après, c’est la pose d’une mine artisanale qui trouble la circulation sur l’axe menant au site des réfugiés de Mentao. Le lendemain de cette journée, un interprète est tué à Tongomayel en pleine mosquée. La victime est l’interprète de la police.
Un couvre-feu bruyant
En cette veille de fin d’année, le constat que nous avons fait c’est que la plupart des fonctionnaires ont quitté la ville. « Je vais faire les fêtes en famille à Bobo-Dioulasso », nous a lancé Aziz à la compagnie de transport STAF en compagnie d’amis, eux aussi prêt pour le voyage. Mais certains à Djibo y ont leurs familles et ont décidé de rester. « Nous nous allons faire avec, nous n’avons pas le choix », nous a confié Clément que nous avons rencontré dans une alimentation.
« Notre souffrance est psychologique. Lorsque tu dors avec des enfants et tu entends des tirs dehors, ce n’est pas de nature à faciliter le sommeil. Et c’est ainsi chaque nuit pratiquement », nous livre ce père de famille au quartier Basneeré. Les populations terrées chez elles chaque nuit supporte de plus en plus difficilement le couvre-feu fixé à 20 heures. Même si quelques récalcitrants, se rechignent à défier l’ordre du Gouverneur. Des attitudes à troubler le sommeil des populations du Soum. Certains fêtards ne se découragent pas de la situation. Ils y ont même espoir. « Si le Gouverneur du Sahel pouvait lever la mesure du couvre-feu pour quatre jour (ndlr, les veilles et jour J des fêtes), ce serait bien ». Le père entendra-t-il ce son de cloche ? Attendons de voir.
Camille OUEDRAOGO

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