hk

Publié le 27 février 2020
Introduction
Jusqu’à une période très récente tous les observateurs s’accordaient sur le fait que le Burkina est un vivier de cultures et de croyances diverses, mais « d’une religiosité tranquille » pour reprendre les termes de René Otayek. A cette diversité s’ajoutait la migration religieuse, c’est-à-dire le passage d’une croyance à une autre et vice versa. Tout cela concourrait à créer un équilibre religieux qui était un modèle de vivre ensemble dans la sous-région. Mais depuis un certain temps, ce modèle connait des menaces et commence à s’effriter. Dans son deuxième rapport sur le Burkina, présenté le 22 septembre 2016 à Ouagadougou, et intitulé « Burkina Faso : Préserver l’équilibre religieux », International Crisis group a indexé plusieurs facteurs.
La donne terroriste vient s’ajouter à ces facteurs et fragilise encore plus notre pays.
Dans un contexte assez trouble où les causes de la violence sont difficiles à cerner, quelles actions, les communautés religieuses peuvent-elles ou doivent-t-elles jouer, pour être d’une aide précieuse à l’état et à tous ses partenaires dans la recherche de la quiétude et de la sécurité.
Il est connu que le dialogue interreligieux est un fait établi et vécu au Burkina Faso mais le plus souvent il est donné de voir des actions de communication dans les médias. Quelles actions au-delà de ces mots ?

I- Les enjeux
La religion est devenu un marqueur d’identité secondaire après l’ethnie, on se définit aujourd’hui au Burkina par sa religion et on fait référence à la nation en troisième position : « je suis moaga, musulman et ressortissant du centre ».
Et la religion comme marqueur d’identité secondaire se voit dans tous les regroupements : les bandes d’élèves, les grains de thé, les cercles de commerçants etc, car à la place de la discussion sur les idéologies, sur la négritude, on a maintenant des débats religieux et dans une certaine mesure politiques.

La menace du communautarisme : de marqueur d’identité secondaire, très rapidement, le discours peut aller vers le repli communautaire. Tout simplement parce qu’à la place de la pratique ancienne qui acceptait l’immixtion de la culture locale dans la religion islamique ou chrétienne, on assiste aujourd’hui à un regain de puritanisme qui veut extirper tout ce qui est pratique endogène et la voit comme païenne. Très vite on peut basculer vers le communautarisme qui pense le développement, la vie, le paradis pour les seuls membres de a communauté.
Le communautarisme peut s’exprimer dans la volonté de dominer et de contrôler e pouvoir d’état, pas forcément e conquérir et le gérer, mais l’influencer. Et comme l’homme politique se vend « au pus votant » , on n’est jamais à l’abri de l’instrumentalisation. Pour mémoire, le Sénat aurait pu passer pour affaire de catholiques contre et de musulmans pour si certains fractions musulmanes n’avaient pas perçu le jeu du pouvoir en place à l’époque.
Très souvent la communauté religieuse se comporte comme un syndicat alors que son rôle est de servir et non d’asservir et de posséder.
La méfiance réciproque
Depuis les attentats du 15 janvier 2016, la méfiance est désormais installée entre es populations qui coexistaient paisiblement. L’hospitalité légendaire et le respect dû à l’étranger commencent à s’effriter. Certaines ethnies sont vues de travers et les nerfs sont à fleur de peau.
Certains conflits de cohabitation prennent vite l’allure de conflits ethnique : on a parlé un certain temps du problème peulh.
Sur les réseaux sociaux et dans la presse écrite comme orale, les discours sont durs pour un mot mal placé. La psychose est installée ; Les terroristes, si leur but est d’installer la terreur, ils l’ont atteint car ils l’ont installée.
Les conflits religieux sont les plus tenaces de l’histoire.
Quand Malraux disait sa mémorable phrase, « le 21ème siècle sera religieux ou ne sera pas », il ne voyait pas ce qui se passe aujourd’hui, mais un peu comme Rabelais dans « science sans conscience n’est que ruine de l’âme »
Malheureusement ou heureusement, c’est selon, la chute des idéologies (1985,EST ; 1989 mur de Berlin) a sonné le retour en force de la religion. Il est de notoriété publique que la révolution islamique en Iran en 1979 et les luttes de Dom Helder Camara, le révolutionnaire chrétien de la théologie de la libération ont convaincu la génération nouvelle que la religion n’est pas seulement que l’opium du peuple, mais pouvait aussi servir sa cause véritable
Eviter à tout prix les conflits religieux : le conflit religieux ne finit jamais : les cas internes de l’Arabie Saoudite et de l’Iran, de l’Irlande, de la Turquie et de Chypre, de l’ex Yougoslavie-Bosnie et Serbie- etc. A l’opposé le conflit politique et idéologique est à la longue maitrisé :RDA et RFA

II- les problèmes rencontrés par la communauté musulmane
  La stigmatisation et la fixation sur la communauté
  La complication des prêches et des discours religieux
  La menace sur les savants, imams et les installations
  La contagion par les problèmes régionaux et sous régionaux
  La radicalisation dans certains comportements
  La menace du communautarisme
  La difficile mobilité des prêcheurs et maîtres coraniques

III-religions : place et rôle dans la reconstruction de la paix et de la confiance au sahel
1- L’enseignement holistique de la religion dans ses grandes modalités (préserver la vie, la raison, la foi, l’honneur et les biens)
La religion est d’abord foi et spiritualité, ensuite morale, discipline et pratque, et enfin social. Avant d’être société et communauté, donc politique.
Dans le coran sourate 2, versets 30 et suivants, Dieu dit avoir créé l’homme pour être son calife sur terre. Et calife littéralement signifie représentant, vicaire, gérant. Ce qu’on dans le sens d’avoir créé l’homme à son image dans la tradition judéo-chrétienne/ Genèse :1 :26 :27 et suivants. « puis faisons l’homme à notre image, selon notre ressemblance, et qu’il domine sur les poissons de la mer, sur les oiseaux du ciel, sur le bétail, sur toute la terre, et sur tous les reptiles qui rampent sur la terre » « dieu créa l’homme à son image, il créa l’homme et la femme ». Le verset 29 de la sourate II dit : « Il a créé pour vous tout ce qu’il y a sur la terre » II,29.
A l’analyse de ces versets on aboutit à la conclusion que le premier enseignement de la religion révélée est de former l’homme à l’image de Dieu. Donc, de même que Dieu est responsable de tout ce qui est créé, l’homme est responsable de tout ce qui vit sur la terre ; Il doit en prendre soin, fructifier, en jouir et non pas abuser ou détruire. De même il devra incarner les qualités et les attributs de Dieu sur la terre pour mériter son image : par exemple en islam, le prophète va dire : « faites miséricorde à ceux qui sont sur la terre, celui qui est aux cieux vous fera miséricorde ». et le nôtre père chrétien : « pardonne nous nos offenses comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés ». On peut en dire de chaque attribut de Dieu et en islam dieu à 100 noms ou attributs connus et d’autres qu’il s’est réservé à lui-même.
Rentre dans l’enseignement holistique de la religion, l’enseignement aussi par les FINALITES et non l es modalités. Aujourd’hui le fidèle est édifié sur le comment se font les choses et non pourquoi les choses sont faites, quel sens leur donner. C’est tout le combat du Christ contre les Zélotes et les pharisiens, qui s’attachaient beaucoup à la lettre des enseignements même s’ils aboutissaient au contraire su sens voulu. Le christ leur a dit clairement que le sabbat est fait pour l’homme et non le contraire. ( Marc 2 :27) et c’est le même problème qu’on a avec certains musulmans aujourd’hui qui sont Zâhirites, c’est à dire littéralistes.
En islam, par exemple, il y a ce qu’on appelle les finalités supérieurs
Les finalités de la religion sont au nombre de 5
 préserver la religion
 préserver la vie
 préserver la raison
 préserver la progéniture(filiation)
 préserver les biens
Et dans son livre les grands muftis le cheiks INB QAYM donne 4 caractéristiques à la loi
 La justice
 la miséricorde
 la logique
 l’intérêt manifeste


2-l’engagement véritable des leaders religieux pour le dialogue social et la cohabitation pacifique.

Au-delà de la communication médiatique il faut un véritable engagement des leaders, à faire descendre le dialogue à la base et à impliquer tous les niveaux de décision, et lui assigner des objectifs véritables.-
  La paix est un don de Dieu et le fruit de nos efforts : Abu Dabi : la déclaration sur la fraternité humaine
  Exemple : les conférences nationales souveraines, les commissions justice et vérité : D TUTU
3- La référence à la tradition et à la coutume et culture
Dans nos traditions, la culture et la religion se mélangent aisément. Tout n’est pas parfait. Mais l’absence de conversion entre castes induit aussi l’absence de prosélytisme et du coup instaure le respect mutuel.
Raviver aussi les ressorts traditionnels de la cohabitation : inculturation, islam noir, parenté à plaisanterie, culture locale

4- L’éducation de la jeunesse
La jeunesse est le maillon faible de tout conflit social et mérite d’être préserver des conflits religieux. A travers les mouvements de jeunesse, la solidarité nationale et internationale, les manifestations sportives et culturelles, les voyages d’études et d’agrément, on peut maintenir vivantes la camaraderie et l’amitié.
5- Combattre les facteurs susceptibles de diviser le corps social : paupérisation, le sous-emploi des jeunes, l’injustice sociale, la manipulation de la jeunesse
6- le sentiment d’appartenance à une nation n’est pas contraire à la religion
L’affirmation de l’état d’une part et de l’autre la consolidation de l’état de droit par la bonne gouvernance
7- Une laïcité responsable et endogène qui tienne compte de notre histoire aussi bien ancienne que récente
8- La promotion des voies /voix modérées et le renforcement de la résilience des populations aux discours diviseurs

Imam Ilboudo

>> Notre équipe

Newsletter

Proverbe Le vivre ensemble

« Il est malheureux que les gens ne voient que les différences qui les séparent. S'ils regardaient avec plus d'amour, ils discerneraient surtout ce qu'il y a de commun entre eux, et la moitié des problèmes du monde seraient résolus. " (Paulo Coelho) »