Publier le 9 janvier 2020
Ce jour 8 janvier 2020, les établissements de la ville de Ouagadougou se sont vidés de leur monde. Les élèves sous l’effet de la psychose ont fui ou ont été prié de rentrer chez eux. Retour sur un événement qui donne matière à réfléchir sur la sécurité dans notre système éducatif.
" Grèves ", " des djihadistes attaquent " …autant de paroles à peine audibles prononcés par des élèves en course. Comment pouvais-je rester indifférent ? " C’est encore une de ses nombreuses grèves ", me dit la dame qui m’a servi ce café. J’avalai rapidement le contenu de ma tasse de café pour chercher à comprendre ce qui se passait. Des élèves du préscolaire sont les premiers à traverser sans réserve la voie passant de la pharmacie Baowend Som au Groupe scolaire Abbé Pierre au quartier Marcoussis. " Attention vous allez faire un accident ", crie un adulte aux enfants. En tenue carrelée vert et pantalon de la même couleur, les enfants détalent de toutes leurs forces. Je prends alors la mesure de la gravité de la situation.
Je me rends aux " Ecoles privées Sainte Philomène ", situées à quelques encablures de là. Un vacarme les enfants sortent et prennent leur vélo. " Des djihadistes attaquent le quartier ", crient-ils au responsable du parking. Certains ne remettent plus le ticket. Hop, ils enfourchent leur vélo. " Donnez-moi les tickets ", crie le maître du carré restreint. " Laisse nous tu ne sais pas qu’on fui la mort ", lance E.Z, une élève. Les enseignants alertés par le proviseur M.B dévissent en déplorant la situation. " En plein Ouagadougou ? ", déclare M.K. " Il semble qu’il y a des élèves qu’ils ont tué ", lance à cet enseignant cette mère de famille venue chercher son enfant. Ils sont nombreux qui appellent leurs enfants où viennent les chercher. Dans les rues de Marcoussis, les élèves courent dans tous les sens. Ils ne savent à quels saints se vouer. Une mère, le bébé en main courent pour aller chercher son fils à la maternelle. L’image de cette maman est frappante. Elle n’a pu prendre ses chaussures. Les adultes, comme un cordon de sécurité, se renseignent sur ce qui se passe. Ils sont visiblement plus confiants que les enfants. " Il semble que des djihadistes attaquent les écoles ", affirme Moussa Zongo, un riverain. Des groupes de badauds sortent pour en savoir davantage.
Le constat sur les lieux
A cet établissement situé au côté nord de Sainte Philomène, les élèves ont déjà vidé les lieux. Un membre de l’administration nous déclare comme simple phrase, " C’est un accident. C’est la volonté de Dieu ". A ma sollicitation pour demander son nom, il se rebiffe.
Un coup d’œil sur le bâtiment où se trouvait les élèves blessés. Des tables-banc décharnés. Une hygiène approximative. Une règle au mur et quelques six bancs. Du sang jonche un premier table-banc. Des morceaux de métal vert sont sur le sol. Plus une présence des élèves de ce temple de l’apprentissage. Personne ne veut m’adresser la parole dans le voisinage ni dans l’établissement. Je suis prié de quitter les lieux par un responsable qui est au téléphone.
Sur les lieux, une première équipe de la gendarmerie vient. Elle est suivie d’une autre équipe. " Ne touchez à rien dans le bâtiment ", j’entends derrière moi. Leur travail nécessite que nous quittions les lieux. Dans la mi-journée, le Maire Albert BAMOGO et Simon COMPAORE arrivent sur les lieux. Ils sont briefés par les Forces de sécurité qui gardent le bâtiment.
Le communiqué de la Gendarmerie fait cas de quatre blessés dont deux graves. Des questions subsistent cependant. L’établissement est-il reconnu par l’Etat ? Qu’enseigne-t-on dans cet établissement ? Pourquoi un engin explosif dans les classes ?
Selon les dires du propriétaire de l’établissement, ce serait par inadvertance que la grenade s’est retrouvé au sein de l’établissement. Les enfants l’auraient ramassé hors de l’établissement et se le serait passé de main à main.
Personnellement je me suis dis que la ville de Ouagadougou courait un grand danger si tant est que l’objectif des personnes malveillantes est de perpétrer un attentat dans ces environs. En effet, moult établissements sont concentrés dans ces environs. Pourquoi pas un plan de gestion de ces genres de cas dans les établissements ? Les acteurs de l’éducation et la sécurité devrait y veiller. Affaire à suivre.
Camille OUEDRAOGO.
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