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Réalité sanitaire au Sahel : l’Etat et les collectivités appelés au secours des populations

Dans le souci de s’imprégner des réalités sanitaires à la direction régionale de la santé du Sahel et au Centre hospitalier régional (CHR) de Dori, l’équipe de Sidwaya a échangé avec ses premiers responsables. Il ressort que les structures sanitaires au Sahel font face à de nombreuses difficultés qui entravent la prise en charge des patients.

Selon le directeur régional de la santé du Sahel Dr Dénis Yelbéogo , chaque année, ses services font la revue des difficultés. C’est en ce sens qu’en 2015, huit problèmes ont été identifiés. Le premier est relatif aux maladies endémo-épidémiques (méningite, rougeole, choléra, paludisme, tuberculose, IST, VIH/SIDA) qui persistent dans la région avec la menace des différentes fièvres hémorragiques notamment Ebola qui a sévit au Mali voisin. Le deuxième, ajoute-t-il, traite des performances des services de santé maternelle, néonatale, et infantile qui sont peu satisfaisantes. Pour le troisième, le directeur régional de la santé du Sahel a précisé que la prise en charge de la malnutrition dans sa région est insuffisante. Quant au quatrième, il a confié qu’il est spécifique à la santé des adolescents, des jeunes et des personnes âgées qui ne sont pas suffisamment pris en compte dans les services de santé de la région du Sahel. Dr Yelbéogo a déploré la mauvaise gestion du système d’information sanitaire au Sahel, la mauvaise qualité des services de santé dans la région du Sahel et leur utilisation ainsi que la mauvaise coordination intra-sectorielle et la collaboration intersectorielle qui ne sont pas reluisantes. « Au Sahel, il y a un renouvellement permanent à chaque fois si bien que c’est un perpétuel recommencement. Les capacités managériales des agents de santé sont peu satisfaisantes. Le Sahel est une région particulière parce que chaque année des agents quittent alors que personne ne demande à venir. Toute chose qui nous conduit à un perpétuel renforcement de capacités du personnel », a expliqué le directeur régional de la santé.
Le directeur général du Centre hospitalier régional (CHR) de Dori Emmanuel Koné , lui, a décliné des difficultés qui se résument au manque de ressources humaines, de spécialistes et de ressources financières. Selon Emmanuel Koné, le CHR de Dori fonctionne sans pédiatre, gynécologue, chirurgien, médecin radiologiste, médecin réanimateur, médecin urgentiste... « En réalité, on n’a pas de spécialiste. On travaille avec des médecins généralistes qui se battent chaque jour pour non seulement sauver des vies mais également améliorer les conditions de santé des populations », note M. Koné. Et de révéler que le CHR de Dori a un manque d’infirmiers spécialistes. Il s’agit des attachés de santé en pédiatrie, chirurgie et anastasie entre autres. En plus de ces problèmes, le CHR de Dori est confronté à la mobilité du personnel. A cet effet, Emmanuel Koné a laissé entendre que dès que les agents remplissent leurs conditions d’ancienneté, ils veulent aller ailleurs. A cela, s’ajoutent les ONG également recrutent des agents qui ont déjà l’expérience. A en croire M Koné, la deuxième difficulté consiste à la mobilisation des ressources financières auxquelles s’attachent les ressources matérielles. Actuellement, selon Emmanuel Koné , avec la mise en œuvre du plan spécial d’équipement des hôpitaux, les choses sont en train de se normaliser car le CHR est doté de nouveaux appareils. Cependant, le premier responsable a estimé que la subvention de l’Etat pour le fonctionnement courant est assez faible. « Quand on prend le budget de 2015, on constate que 90% est alloué au salaire. Le reste, on essaie de faire avec les recettes propres qu’on engrange pour pouvoir fonctionner. Cela fait qu’à un certain moment donné de l’année, on a des difficultés de fonctionnement », a renseigné le directeur général du CHR de Dori.
Adopter des comportements favorables à la santé
Emmanuel Koné a souhaité que l’Etat envoie des médecins spécialistes au CHR de Dori. Aussi, a-t-il sollicité à l’Etat d’augmentation de la subvention en vue de mieux répondre aux besoins sanitaires des populations. A l’endroit des collectivités territoriales, M Koné a demandé une contribution financière. Par exemple, il a évoqué la prise en charge des évacuations, en terme de carburant pour soulager un tant soit peu le CHR de Dori. A l’égard des populations, il les a invités à être plus civiques et tolérantes. « Nous demandons que les mauvais comportements des agents de santé soient dénoncés. Nous ne parlons pas de délation mais de dénonciation. Toute personne qui est victime d’un comportement anormale peut saisir les responsables pour dénoncer cela. Pour ce faire, les portes de la direction générale sont ouvertes », a-t-il interpelé les populations. Et de confier que tant que l’administration n’aura pas le feed-back des populations, il va être difficile de prendre des mesures adéquates pour le bon fonctionnement au CHR de Dori.
Face à ses difficultés, le directeur régional de la santé du Sahel a indiqué que chaque année, elles sont regroupées dans un document officiel appelé plan d’actions ainsi que le plan spécifique de lutte contre la mortalité maternelle. De son avis, ces documents permettent d’orienter toutes les actions pour atteindre les objectifs sanitaires dans la région du Sahel. C’est dans cette optique qu’il a exhorté l’Etat à financer les activités inclues dans ces deux documents. Par ailleurs, il a souhaité que l’Etat fasse le plaidoyer auprès des différents partenaires pour qu’ils puissent avoir un regard particulier sur la région du Sahel. Selon Dr Dénis Yelbéogo, la plus grande attente est l’acquisition de matériels adéquats pour le Sahel. Quant aux collectivités territoriales, il a sollicité l’accompagnement des différentes structures de santé pour la prise en charge des bénéficiaires. En outre, il a demandé leur contribution pour la mobilisation des ressources financières au profit des formations sanitaires. « Elles collectivités territoriales doivent sensibiliser la population parce qu’elles sont beaucoup écoutées par celle-ci en vue de mieux nous accompagner. Enfin elles devraient inclure dans leurs plans de développement des activités pour davantage soutenir les structures sanitaires », a suggéré Dr Yelbéogo.
Concernant ses attentes vis-à-vis des populations sahéliennes, il a demandé l’adoption de comportements favorables à une bonne santé en termes d’hygiène, d’utilisation des moustiquaires, d’assainissement. Hormis cela, il a conseillé aux populations de faire une consultation précoce en cas de problèmes sanitaires afin d’éviter toute complication. Aussi, a-t-il demandé aux populations l’entretien des infrastructures sanitaires qui selon lui sont des biens communs.

Souaibou NOMBRE
snombre29@yahoo.fr

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