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L’on a l’habitude de dire que le cadre de vie détermine la qualité de vie mais les citoyens burkinabè en font leur une récitation de perroquet. Dans les faits ils s’en moquent. Dans le cadre de l’animation de votre rubrique environnement nous souhaitons faire une série d’articles et avons fait dans ce cadre le tour de certains quartiers de Ouagadougou pour recenser les usages condamnables. Ils sont légion !

Quartier Larllé de Ouagadougou le 28 octobre 2019. Il est 12h 30. Une dame prend un bain dans les toilettes. L’eau de son bain censée couler dans un puits perdu se déverse directement dans la rue. Aussitôt fait, des jeunes qui devisent dans la rue se dispersent. L’odeur est intenable. Ils laissent même les verres et les tasses de thé qu’ils utilisaient pour marquer une pause avant de revenir.
L’eau de bain coule directement en leur direction et parfume d’une odeur nauséabonde toute la rue. Aussitôt dans la cour familiale, j’interpelle celle-ci sur les effets nocifs de son acte. Salamata est issue d’une famille musulmane. Elle est la seconde épouse du chef de famille. Elle rétorque : " Nous n’avons pas d’argent. Vous savez nous avons trop de problèmes ". Je lui fais alors une dissertation sur les conséquences de l’absence d’hygiène dans une famille. " L’hygiène n’est pas une question d’argent mais de bien-être et d’éducation. Tous ces endroits sont censés être assainis (ndlr, je montre les endroits où les eaux stagnantes sont béantes. Ils sont des nids de moustiques et de moustiques tigres. Vous voyez que la dengue fait des ravages en cette période d’hivernage. Vous exposez ainsi votre famille. Il y a des conséquences au plan du bien-être de votre famille. Mais aussi au plan financier car vous allez dépenser plus d’argent pour une cause que vous aurez pu gérer avec seulement 1000 francs CFA comme les prix de balais et savons liquides que vous venez de me communiquer", dis-je. Confuse, elle s’excuse et promet de changer ses habitudes.

Autre lieu, autre situation. Il est 11 heures ce jour. P.K est fonctionnaire dans l’administration publique. Il a hérité d’une cour familiale au quartier Dapoya de Ouagadougou. C’est sa concession qui est l’objet de notre curiosité en ce jour. En effet, nombre de nos passages en ces lieux nous ont montré que l’hygiène n’y est pas. Ce quartier traditionnel de la ville n’aurait pas bénéficié d’un processus de lotissement naguère selon les témoignages que nous avons recueillis sur place. Ainsi de l’espacement d’une cour familiale à une autre ne respecte pas les normes. Les ménages gèrent leurs déchets avec difficultés. Il nous est arrivé de voir lors de notre reportage des excrétas être déversés en pleine rue. Dans ce quartier, les services d’hygiène qui proposent leurs services sont nombreux. Cependant nous avons vu des membres d’une cour familiale s’atteler à déverser leur trop plein de déchets dans la rue. " Les services de vidange ne viennent pas lorsqu’on les appellent. Aussi nous nous renseignons sur les produits qu’ils utilisent et nous les utilisons nous-mêmes ". Interrogé Adama Ouédraogo, vidangeur nous a confié " les ménages ne sont pas conséquents. Ils évoquent de faux alibis. Eux-mêmes constituent une menace pour notre profession. Ils veulent économiser en nettoyant eux-mêmes ".

Eaux de toilettes se déversant sur la voie au quartier Larlé

De notre randonnée dans ces quartiers, il ressort que, sous le prétexte d’une cherté quelconque, les ménages font eux-mêmes le boulot. Il faudra que l’Etat songer à encourager les opérateurs privés qui opèrent dans ce domaine. Il nous revient que certains quartiers périphériques n’ont pas d’alternative. Parmi ceux-ci Bangporé, Pazani…Ils n’ont pas ou peu de services de vidange. Au quartier Somgandé, une zone résidentielle et dite huppée, nous avons décomptée seulement trois services de vidange qui marchent. Or, on pourrait sans risque de se tromper qualifier ce quartier de nanti. Quid des autres zones moins nanties et des zones non loties ou encore Zone à urbaniser prioritairement (ZUP).

D’autres parts, ces services, même s’ils existent, ne font aucune publicité pour indiquer leur lieu de service. " C’est culturel, vous nous voyez faire une publicité dans ce secteur ", Issa Sourbila. Alassane Sirima, résident de Somgandé pense que son prédécesseur n’a pas tort. De notre enquête, il ressort que la gestion des excrétas et autres déchets liquides reste un tabou au niveau des populations. Le citoyen lambda n’en a pas encore une vision claire des richesses ou encore des dividendes qu’on peut en tirer.
Il faudra alors rectifier le tir car la vie en communauté incombe un minimum d’hygiène et cette question mal gérée peut s’avérer une question de santé public très grave ! Nous reviendrons sur la réponse de ces questions par l’autorité communale. Roger SAWADOGO.

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