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Le Centre national de presse Norbert ZONGO (CNP-NZ) a organisé le samedi 12 octobre 2019 à Ouagadougou un forum sur « comment mettre un terme aux rackets et tracasseries des Forces de défense et de sécurité au Pays des intègres ». L’initiative a été financé par Hewlett Foundation et Média For West Africa. Cette tribune a pour but de dénoncer les pratiques de corruption mais surtout d’apporter des solutions à son éradication.

« Ouvre les yeux (bis) et combat la corruption », c’est sous cette musique qui accompagne le sketch de l’humoriste Général Kouenou qu’a débuté les échanges à la salle de conférence du DGCOOP . L’artiste humoriste explique comment les hommes de tenue peuvent s’acharner de mille manières sur un honnête citoyen pour l’extorquer des sous. Dans son speech d’entrée, Luc Damiba, travailleur dans le système des Nations-Unies et expert anti-corruption a relevé que l’environnement politico-juridique des Etats africains favorise les pratiques de corruption. Au nombre de ceux-ci, le nombre de barrages que les structures d’intégration n’ont pas réussi à réduire, la densité de ses barrages, la validité des pièces d’identification et de transport…Pour lui, ces pratiques ne sont plus l’exception qui fait la règle. Elles sont visibles à tous les postes de contrôle, surtout ceux frontalier. Il faut les combattre car il constitue « une plaie pour la police ».
Dans son traitement de la problématique, docteur en droit et Contrôleur général d’Etat, Luc Maruis IBRIGA a relevé que le terme racket n’existe pas dans le Code pénal. Il rentre dans la terminologie générale de corruption et de détournements de deniers publics. Ces pratiques sont dénoncées dans les articles 332, 333 et suivants. Le racket en lui-même tombe sous le coup de l’abus de fonction. Et de préciser par la suite que les sanctions liées à cette pratique sont dénoncées dans l’article 54 de la loi anti-corruption au Burkina Faso. Pourquoi donc la corruption et sa perpétuation ? Pour le professeur en droit, l’ignorance des droits par les victimes, les auteurs des rackets qui ont perdus leurs sens des valeurs, la prégnance d’une culture de l’impunité et du laxisme.

Armiyaho ZONGo, secrétaire général de l’union nationale police (UNAPOL) a relevé que les rackets et tracasseries sont « des comportements déontologiquement bannis ». Le manque de volonté politique pour éradiquer le phénomène, l’insuffisance de l’implication de la hiérarchie, la perte de l’autorité de l’Etat, l’absence de recours ( l’absence de système de plaintes), l’inexistence d’un mécanisme pour encourager les policiers qui refusent ces pratiques et de primes pour eux, le paiement liquides des contraventions…sont autant de situation qui favorisent la corruption au niveau des Forces de défense et de sécurité. Il a par ailleurs souhaité que les agents sur le terrain soient clairement identifiés (matricule et codes bien visibles pour bien les interpeller en cas de problèmes). A ses côtés, Bienvenu BADO de la Coordination nationale des contrôles des postes de police, « police des polices » a fait l’historique de sa structure. Selon lui, elle est née dans de deux facteurs : un contexte où les plaintes des transporteurs étaient devenues nombreuses et aussi une volonté politique de mettre en place une telle structure pour résoudre la question de corruption. Selon les normes de l’UEMOA, trois postes de contrôle sont reconnus : ceux au démarrage, ceux aux franchissements des frontières et ceux à l’intérieur du pays hôte. Sur cette question, l’Office nationale de sécurité routière (ONASER) est habilité à gérer les transports. Elle contrôle entre autres les surcharges, les chargements hors gabarit…Cependant, elle est aussi la championne dans les pratiques frauduleuses. Des montants élevés illégaux sont perçus notamment. Pour la dénonciation des mauvaises pratiques, Commissaire BADO a invité les usagers à s’approprier le numéro vert à savoir le 10 20. L’appel est anonyme et il n’y a pas de risque de se faire démasquer. Il a relevé que sa structure travaille d’arrache-pied pour combattre les pratiques mais il faut qu’elles soient dénoncées et surtout bien expliquées. Selon lui en 2016, on dénombrait officiellement 76 postes de contrôle. Cependant avec le contexte sécuritaire délétère, il arrive que des postes temporaires soient installés à l’insu de l’ONASER.

Dans la série de questions et témoignages les participants ont souligné entre autres l’absence de sanction qui fait perdurer la pratique, le paiement en numéraire qui doit être corrigé. Le Représentant de la Fédération nationale des transporteurs (FNAT) a suggéré que les voyageurs et transporteurs qui dénoncent les mauvaises pratiques soient aussi encouragés. Des exemples de mauvaises pratiques aux frontières ivoiriennes, maliennes…ont été donnés. Les témoignages ont permis de se rendre à l’évidence que si les policiers des autres pays sont les auteurs de telles pratiques, il y a que les policiers burkinabè ne sont pas en reste. Selon le Contrôleur général d’Etat, la libre circulation des personnes et des biens s’en trouve compromise. Pourtant ce sont des textes communautaires (protocoles de Dakar et de Banjul) et internationaux qui les consacrent.

Luc Marius IBRIGA et Luc DAMIBA ont proposé également comme solutions la dématérialisation du paiement des amendes de police, une plus grande implication du Politique, la réduction des barrières…Des recommandations se basant sur ces propositions ont été faite en fin de forum. On pourrait dire que l’espoir est permis car les échanges ont eu lieu sous les yeux interrogateurs des élèves de l’école de police. Ne dit-on pas que c’est le bois frais qu’on peut redresser. Camille OUEDRAOGO.

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