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Présidentielle 2020
Les couloirs sont plus glissants

Le civil Roch Marc Christian KABORE arrivé au pouvoir à la suite de la Transition burkinabè ne s’en sort pas face aux attaques de nature terroristes dans son pays. Son armée se débat mais les assauts de ses assaillants sont multiples et multiformes. On estime à plus de 300 personnes mortes depuis le début de ses attaques. Faire contre mauvaise fortune bon cœur, mais agir avant 2020, année électorale !

Le régime de Roch Marc Christian KABORE a nié avoir pris langue avec les Terroristes qui agissent sur le territoire national par des actes terroristes. A peine une semaine après cette déclaration, la violence est monté d’un cran. A Silgadji, six personnes dont un pasteur ont été assassinées, à Didyr pareils, à Gorgadji, le Commissariat a connu la furie des « fous de Dieu ». Comble du cynisme, le Patron du groupe Etat islamique a salué l’abnégation de ses combattants sur le territoire burkinabè et a promis d’autres types d’attentats. Des morts, des blessés, une administration paralysée, des personnes enlevées, de la fumigation (rumeur de pendaison d’un curé de Djibo au Nord du pays) … autant d’actes qui devraient cependant faire réfléchir même les plus incrédules des proches du président. Mais l’option du président Kaboré à savoir défendre le territoire de groupes de narcotrafiquants et de terroristes est dure à accepter. Lui-même n’hésite pas à pointer du doigt son prédécesseur Blaise COMPAORE réfugié en Côte d’Ivoire un pays voisin du Burkina. Une situation qui a récemment envenimé les rapports entre les deux pays-frère. Blaise (ndlr, devenu entretemps ivoirien de nationalité) s’étant en effet plaint par courrier des accusations itératives de son successeur. Accusations sans preuves !
A dix-huit mois de l’élection présidentielle dans le pays, la violence terroriste a ouvert un vaste et sanglant boulevard et sur ses bas-côtés, des populations qui ne savent plus à quel saint se vouer. Dans certaines zones du pays, comme à Arbinda et Yirgou, le génocide et son spectre est perceptible et l’on comprend difficilement le silence et/ou la lenteur du régime Roch à réagir. En effet, entre la minorité Peuls et la majorité Fulsé, l’on se regarde en chien de faïence et la moindre étincelle peut re-enflammer les braises issues de l’assassinat d’une soixantaine de personnes suite à l’assassinat d’un guide religieux de l’ethnie majoritaire.
Au plan politique, les chrysanthèmes montent de plus belles. Sur la table de Roch KABORE, des conflits intercommunautaires couvent, des familles endeuillées suite à des actes terroristes, une classe politique qui dénonce le silence face à l’insécurité grandissante. Même si on ne le dit pas suffisamment, à coup sûr et pour être réaliste, il faudra reporter ces élections car le territoire lui-même ne présente pas des gages d’une libre circulation des candidats à la présidentielle s’il y a une éventuelle campagne électorale. Sans doute aussi pour sauver les meubles, un savant dosage de l’équipe gouvernementale sera nécessaire avec une ouverture à des partis de la majorité et de l’opposition. En clair, un gouvernement d’union nationale peut être nécessaire pour faire baisser la tension politique et faire un pas en avant vers la réconciliation nationale. Une démarche de main dans la main que le Haut conseil pour l’unité nationale et la réconciliation (HCRUN) prône de plus en plus. Lors d’une conférence de presse tenue ce 30 avril, elle l’a signifié à l’opinion nationale par un appel à la Justice transitionnelle.

Pas de feu sans fumée
Roch va-t-il tenir longtemps son option d’affronter frontalement les Terroristes ? Des rumeurs font état de l’utilisation de la carotte et du bâton. Même si Ouagadougou nie officiellement une option de négociation.
Cependant y a-t-il une fumée sans feu ? La présidence burkinabè aurait décidé de faire un pas de plus vers la négociation. C’est notre confrère Africa Intelligence qui avait jeté le pavé dans la mare. Selon ce dernier, en marge de l’investiture de Macky Sall, le 1er avril 2019, le président burkinabè a exposé à son homologue les démarches déjà entreprises par ses services avec les Katiba du Nord du Burkina et du Mali pour un cessez-le-feu.
On ne saurait dire si cette décision est judicieuse où elle vient à un moment où les espoirs sont « gâtés ». Une chose est certaine, notre confrère est décisif, la présidence burkinabè a reçu en début mars deux « invités délicats ». Des personnalités proches des groupes actifs au nord du Burkina. Parmi eux un élu national malien, le député Ahmada Ag Bibi. Il avait à ses côtés le touareg Bilal Ag Acherif. Selon notre confrère, c’est par l’entregent d’Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) que le déplacement des deux hôtes de marque de Roch Kaboré s’est déroulé. L’avion est donc parti de Bamako pour Ouagadougou. Mais des confidences, il ressort que le président Burkinabè, encore de la méfiance vis-à-vis des officiers de son armée. Il n’a pas voulu les associer d’abord aux négociations. La rencontre de think tank sur la Sécurité restreinte que Roch a animé s’est déroulée en présence de ses deux principaux conseillers pour les questions sécuritaires, à savoir le ministre burkinabè de la sécurité, Ousséini COMPAORE et le colonel François Ouédraogo, coordonnateur de l’Agence nationale du renseignement (ANR). Aucun haut gradé militaire n’a assisté à cet entretien sensible pour qui connait la position de Ouagadougou au début des attaques terroristes.
Les patates sont très chaudes entre les mains du « soldat » Roch et il multiplie les appels du pied. En dehors de Ibrahim Boubakar Kéïta, notre confrère Afrique Intelligence confie que les présidents du Niger et de la Mauritanie accompagnent Roch dans sa volonté de préserver la paix dans son pays par le biais des négociations avec les groupes terroristes.
Autres situations non moins délicates à gérer, l’accompagnement où le désengagement des ambassades, Ouagadougou semble pris entre l’étau de deux pays aux options différentes pour la résolution du conflit. D’une part, la France qui trouve qu’il faut composer avec ses groupes et d’autre part les Etats-Unis qui trouvent qu’il ne faut pas négocier avec ces derniers. Ce dernier Etat exprime cependant toute sa volonté de faire de Ouagadougou, un Check-point pour groupes terroristes.
Il faut visiblement sauver le soldat Roch !
Camille OUEDRAOGO pour www.lesoleil.bf

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