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Lettre ouverte de Dr Poussi Sawadogo, ancien SG du Gouvernement, au Ministre des Finances : Un appel à la justice pour tous les agents de l’Etat

Je saisis une opportunité inédite pour vous adresser cette correspondance d’expression d’un sentiment d’injustice vécu depuis novembre 2014. En effet, l’opportunité est votre lettre n° 2019_00470/MINEFID/SG/DGTCP/DAMOF du 12 mars 2019 adressée au président de l’APBEF-BF relative au projet de saisie de salaires d’agents du MINEFID.
Dans cette correspondance, vous attirez l’attention des banques et des établissements financiers que conformément à la réglementation en vigueur, la saisie du salaire ne peut s’opérer au-delà de la quotité cessible.
Ceux mêmes que vous défendez ont violé cette loi en 2014 contre des citoyens de ce pays.
Je vous écris cette lettre ouverte par devoir de témoignage de l’injustice d’un Etat à l’endroit de ses agents. Je vous écris cette correspondance en tant que père ayant en charge une famille de quatre (04) enfants scolarisés et devant supporter toutes les charges afin de rester digne et intègre dans son couple et dans la société.
En effet, depuis la fin du mois de novembre 2014 jusqu’à la fin du mois de février 2019, la Solde de l’Etat burkinabè m’a remis chaque mois, pour vivre, un solde sur salaire de huit mille (8000) francs CFA. L’Etat burkinabè a jugé qu’un serviteur de l’Etat qui a perdu son poste de Secrétaire Général du Gouvernement et du Conseil des Ministres, suite à l’insurrection populaire devait subir un tel sort. Pour l’Etat burkinabè, il devait récupérer son argent suite au prêt contracté pour acheter un véhicule, droit conféré par le poste occupé.
Je crois avoir servi loyalement et avec conscience mon pays durant vingt-deux mois à la tête de cette structure d’accompagnement de l’action gouvernementale. Etre récompensé de la sorte, me paraît comme une injustice. Je n’ai été, et nous sommes nombreux, qu’une victime collatérale de cette Transition qui a voulu montrer qu’elle était porteuse d’une gouvernance vertueuse. Chacun de son côté fera son bilan et en tirera les conséquences.
J’ai cru qu’avec l’arrivée du nouveau pouvoir, l’injustice serait corrigée afin de permettre à des citoyens de vivre normalement et de participer à la vie de la nation. Cela n’a pas été le cas. Personnellement, j’avais foi en mes qualités et à la volonté de la Nature. J’ai opté de subir et de croire au miracle et il s’est produit.
Ayant réintégré mon ministère et mis à la disposition de la DRH sans bureau depuis novembre 2014, j’ai poursuivi mes activités d’enseignement, de formation et de recherche. Cela m’a permis de supporter cette terrible injustice. Je n’ai jamais été quelqu’un qui passe le temps à produire des justifications. J’ai toujours opté de produire des résultats. En presque cinq ans avec un solde de huit mille (8000) francs CFA, je ne dois pas à une personne physique ni à une personne morale, sauf à l’Etat dont le prêt sera soldé cette fin de mois de mars 2019. Je me sens alors libéré pour parler.

Le plus important, c’est d’être une solution pour les autres

Ce témoignage n’est pas l’expression d’une haine contre l’Etat. Au contraire, car durant ces années de pénitence, j’ai bénéficié des offres de service de structures étatiques. D’ailleurs, c’est ce même Etat qui a reconnu mon mérite en me recrutant, sur test, comme expert en gouvernance et droits de l’homme en septembre 2018 pour le Centre National de Coordination du Mécanisme d’Alerte Précoce et de Réponses aux Risques sécuritaires, structure rattachée au Premier ministère, la plus haute administration après la Présidence du Faso. Ce Centre, dont la mission est d’activer, de coordonner et d’assurer le suivi du mécanisme de réponse du gouvernement et de la société civile dans le but de faire face aux questions liées à la paix et à la sécurité humaine, me donne une raison de vivre. Il fait partie d’une expérience pilote de la CEDEAO et bénéficie d’un accompagnement financier des Etats-Unis d’Amérique.
Je témoigne surtout pour interpeller ceux qui ont la responsabilité de la gestion de la chose publique qu’il y a des cadres qui vivent l’enfer pour avoir été à un moment associé à la gouvernance de ce même Etat.
Je témoigne pour éclairer la jeunesse que notre pays, malgré les discours savants sur le manque d’emplois, reste un paradis, un terrain vierge pour se faire une place au soleil. Le plus important, c’est d’être une solution pour les autres. C’est d’être un porteur de réponses aux attentes immenses des autres.
Je témoigne pour confirmer que la vie d’un individu est toujours faite de hauts et de bas. Avec l’assurance et la compétence, on peut défier les plus grandes difficultés et faire son chemin dans la vie.

Monsieur le Ministre, votre correspondance me donne l’opportunité de témoigner. Je comprends très bien votre démarche d’accompagner des agents de l’Etat en difficultés. J’aurais aimé qu’en 2014, sans passion et sans haine, les dirigeants de la Transition nous accordent la même attention. Vous êtes peut-être en train de mettre en œuvre leur slogan : « Plus rien ne sera comme avant. »
Pour la paix et la prospérité au Burkina Faso, soyons solidaires et œuvrons à plus d’équité et de justice.
Recevez, Monsieur le Ministre, l’assurance, de ma considération distinguée.
Dr Poussi SAWADOGO
Conseiller des Affaires étrangères

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