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FESPACO

Le cinéma a pris son pouvoir

Pari réussi pour le Cinquantenaire du cinéma africain ! La cérémonie d’ouverture marquant les cinquante ans du Festival panafricain du film et de la télévision de Ouagadougou (FESPACO) s’est déroulée hier samedi 23 février 2019 à Ouagadougou dans une ambiance éclectique. Elle a été présidée par le président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré en compagnie des membres du Gouvernement et de personnalités africaines et étrangères.
Belle fût la fête ! Le Terrorisme n’a pas pu ternir la biennale de cette année. Le ton du Festival était donné déjà par un stade municipal Joseph Issoufou Conombo transformé par un décor féérique. A cela s’ajoute, l’entrée du président du Faso à bord du véhicule de commandement, non pas avec le Chef d’Etat-major de l’armée à ses côtés mais avec Alimata Salambéré la co-initiatrice du festival. Le maire de la ville de Ouagadougou a accueilli les festivaliers et surtout les personnes venues des pays étrangers. Il leur a souhaité un bon séjour au Pays des hommes intègres. Le président du comité d’organisation (PCO), le journaliste Yacouba Traoré a rendu hommage aux pionniers. Il a par ailleurs tenu à rassurer les festivaliers de la volonté du comité de leur assurer un festival professionnel. Aussi, il a souhaité qu’ils minorent les imperfections qu’ils viendraient a constaté car ils sont tous à pied d’œuvre pour un bon travail.
Le Rwanda, pays invité d’honneur était représenté par son ambassadeur Stanislas Kamanzi et de jeunes artistes. Il a saisi l’occasion, de son discours pour transmettre au président Kaboré les salutations fraternelles et chaleureuses de Paul Kagamé.
En rappel selon le site Wikipédia « l’objectif du festival est de favoriser la diffusion de toutes les œuvres du cinéma africain, permettre les contacts et les échanges entre professionnels du cinéma et de l’audiovisuel, contribuer à l’essor, au développement et à la sauvegarde du cinéma africain, en tant que moyen d’expression, d’éducation et de conscientisation ».

Ernest BONDAONE www.lesoleil.bf
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Encadré : Historique du Festival
Au commencement se trouve une passion. Un fou défi d’intellectuels amoureux d’un continent. Revenu pour la plupart du festival des Arts nègres, ceux-ci pensent à faire parler l’Afrique noire par des africains noires eux-mêmes. Pour eux, on peut peindre l’Afrique avec la camera. Le festival a été créé en 1969 à Ouagadougou à l’initiative d’un groupe de cinéphiles, dont notamment François Bassolet, Claude Prieux (Directeur du Centre culturel Franco-Voltaïque) et Alimata Salembéré qui en a été la première présidente en 1969 et 1970.
Au début, selon certains, on parle d’abord de Semaine du cinéma africain, puis de « festival de Cinéma Africain de Ouagadougou ». La première édition a lieu du 1er février au 15 février 1969. Cinq pays africains y sont représentés : le Sénégal, la Côte d’Ivoire, la Haute-Volta (actuel Burkina Faso), le Niger et le Cameroun mais également la France et les Pays-Bas. 24 films, dont 18 africains, y ont été présentés. Le bilan officiel marque 10 000 spectateurs.
D’autres éditions suivent en 1973, 1976, et le Fespaco ne devient bisannuel qu’à partir de 1979. En 1983, années où le révolutionnaire Sankara est au pouvoir, le MICA (Marché International du Cinéma africain) est créé. Il a pour but de favoriser la vente et la distribution des films africains en mettant notamment en relation les professionnels du cinéma avec les chaînes de télévision.
Le Festival a été également rebaptisé "Festival Panafricain du Cinéma et de la Télévision de Ouagadougou". Dans les années 1960 à 1980 le Festival prend la connotation socio-politique du pays. C’est l’époque où l’anti-impérialisme est cloué au poteau. Les cinéastes s’y invitent. Ils s’engouffrent avec le talent, le génie qu’on leur connaît.
Une nouvelle équipe en prend la tête en 2009, dirigée par Michel Ouédraogo, journaliste, ancien Directeur de l’organe d’Etat Sidwaya.
Sous son emprise, le Festival va faire une fois de plus son « auto-critique » sans complaisance. Et pour cause, les Cahiers du cinéma qui est le document cadre qui y ressort, estiment le « festival est en rupture complète avec la population de Ouagadougou », parlant même de « mépris affiché pour les artistes, les médias, le public et la population. » Ils donnent à cela plusieurs explications : d’une part la situation du pays (une période de crise économique, la guerre au Mali voisin qui crée une ambiance tendue) mais aussi l’incendie qui a détruit le 15 janvier 2013 un bâtiment neuf et a coûté très cher au festival. Mais surtout la « politique étrange » suivie depuis 2009 par la direction, en est la cause. Si elle a su mieux organiser le festival, l’exclusion de films qui ne sont pas en copie 35mm, le déplacement des projections de la sélection documentaire à la périphérie de la ville, les nombreuses tables rondes sans intérêt, l’abandon des projections semi-couvertes ou en plein air qui avaient un grand succès auprès des habitants donnent l’impression qu’il ne s’agit plus ni d’un festival populaire ni d’un lieu où les cinéastes sont à l’honneur. En outre, le prix des places est beaucoup trop cher pour les habitants de la ville : le prix du « pass illimité » est égal à certains salaires locaux, la « carte étalon » n’est rentabilisée qu’au bout de 26 films vus en une semaine. Selon la revue, les cocktails diplomatiques et les soirées organisées par des sponsors ont pris une place démesurée par rapport aux films et aux spectateurs. Ce qui est dommage car le critique loue la grande qualité des films sélectionnés cette année-là.
Le FESPACO 2013 est marqué par la « Déclaration solennelle de Ouagadougou »8 proclamée par 6 pays lors du colloque sur le « Cinéma et politiques publiques en Afrique » et dont le but est de doter le cinéma africain d’une « force de frappe ». Des réformes majeures ont été annoncées par le délégué général du FESPACO de l’époque, Michel Ouédraogo. Tout d’abord, l’accès à la compétition officielle pour les films de la diaspora. Ensuite une revalorisation des primes pour les lauréats (les primes pour les Étalons seront doublées). Et enfin, à la suite de la polémique qui aura ébranlé cette édition, les films au format numérique pourront intégrer la compétition long métrage
Aujourd’hui, la question de la place du numérique dans le cinéma africain, la fermeture des salles dans diverses capitales, le financement de la production…sont autant de préoccupations majeures. Quelles stratégies pour les cinquante années encore ?
Avant les préparatifs de ce cinquantenaire, une tournée internationale a été initiée avec le Directeur du Festival Abdoulaye Soma et le ministre de la Culture, Abdoul Karim SANGO en tête de la Délégation.
Quid du financement ? En dehors de l’organisation du festival en lui-même, l’établissement public responsable du FESPACO a également comme rôle d’organiser des projections à but non lucratif en direction des zones rurales en partenariat avec les ONG, les associations, les écoles et autres institutions publiques et privées ; de promouvoir le cinéma africain dans les festivals internationaux et d’organiser diverses manifestations autour du cinéma. Le Festival pourrait cette année s’ouvrir à d’autres bailleurs. Les prix spéciaux annonceront sans doute les couleurs la semaine prochaine à la publication des noms des lauréats. Synthèse d’Ernest BONDAONE.

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