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Au Burkina Faso, la violence armée s’est intensifiée dans les régions du Sahel, du Centre-Nord, du Nord et de l’Est du pays, provoquant une crise humanitaire qui s’est aggravée au fil des mois. Le docteur Boukary Sorgho est responsable du département Santé du CICR dans le pays. Il revient sur l’aide mise en place par les équipes du CICR et de la Croix-Rouge Burkinabè pour améliorer l’accès aux soins à Djibo, chef-lieu de la province du Soum, qui accueille aujourd’hui près de 200.000 personnes déplacées.

Quelle est la situation dans la ville de Djibo ?
La situation s’est très vite dégradée et le système de santé a été fragilisé. La ville de Djibo a été soumise à une forte croissance démographique puisque sa population a plus que doublé au cours des derniers mois. Elle abrite près de 200.000 personnes déplacées qui ont fui à la suite des attaques dans les communes rurales avoisinantes. L’insécurité a aussi contraint le personnel médical à quitter certaines zones rurales.

De manière plus générale, la province du Soum ne compte plus que 12 structures sanitaires fonctionnelles sur un total de 45. On estime que près de 60 pour cent de la population est privée des soins de santé de base.

Quels sont les besoins médicaux ?
Dans les centres de santé de Djibo, le nombre de patients a été multiplié par trois ou quatre en l’espace de quelques mois, ce qui exerce une forte surcharge pour le personnel de santé qui y travaille, souvent dans des conditions difficiles. La majorité des patients admis sont des personnes déplacées, hébergées dans des familles d’accueil.

Les enfants de moins de cinq ans, les femmes enceintes et allaitantes, et les personnes âgées sont les plus vulnérables. Ces personnes ont surtout besoin d’accéder à des soins de santé primaires, c’est-à-dire au diagnostic et au traitement de maladies endémiques comme le paludisme et la malnutrition infantile, entre autres.

Les conditions de vie des déplacés restent très précaires : ceux-ci sont confrontés à l’insécurité alimentaire et les enfants, plus fragiles, sont les premiers à en payer le prix. La malnutrition sous toutes ses formes, aiguë ou chronique, était déjà un problème de santé publique avant la dégradation des conditions de sécurité. Dans un contexte où la majorité des familles peinent à subvenir à leurs besoins, cette maladie reste une préoccupation majeure.

Les autorités sanitaires ont mené une enquête nutritionnelle SMART* dans plusieurs camps de déplacés en novembre 2019. Celle-ci révèle une situation nutritionnelle alarmante à Djibo : près d’un enfant sur cinq (16,9%) est malnutri, et plus de cinq pour cent des enfants souffrent de la forme la plus sévère de malnutrition.

Les femmes enceintes ont également besoin d’une attention particulière. Elles doivent accéder à des soins prénataux pour éviter de souffrir de complications liées à la grossesse.

Quelle a été la réponse du CICR pour améliorer l’accès aux soins ?
Nous redoublons d’efforts pour améliorer l’accès aux soins. Nous avons réhabilité le centre de santé de la Croix-Rouge de Djibo pour accroître sa capacité d’accueil et la qualité des soins. Les kits médicaux que nous offrons permettent d’offrir des soins d’urgence et de santé primaires gratuits aux personnes déplacées et aux communautés hôtes. Grâce à notre appui, le centre peut maintenant accueillir plus de 4500 patients par mois, au lieu de 400 auparavant. En raison de l’ampleur des besoins, nous avons installé, à Djibo, un poste de santé avancé équipé d’une tente médicale avec une capacité de 15 lits.

Ailleurs, nous soutenons deux autres centres de santé dans les communes de Matiacoali et Barsalogho. En 2020, nous prévoyons aussi de renforcer l’accès aux soins dans différents lieux de détention, toujours dans le but de rétablir la dignité des personnes vulnérables.

Quels sont les défis ?

Une forte augmentation des besoins peut survenir de manière inattendue, en particulier après l’arrivée d’un grand groupe de personnes déplacées. Pour des raisons de sécurité, l’accès humanitaire est souvent difficile dans plusieurs parties du pays. Le CICR travaille en étroite collaboration avec la Croix-Rouge burkinabè, présente au niveau communautaire dans tout le pays.

*SMART (Standardized Monitoring and Assessment of Relief and Transitions - Suivi et évaluation standardisés des urgences et transitions) est une initiative inter-organismes lancée en 2002 qui préconise une approche systématisée auprès de nombreux partenaires pour obtenir des données fiables, très importantes à la prise de décision. En savoir plus sur la méthodologie SMART : www.smartmethodology.org

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