Insécurité au Burkina
Etat d’urgence et après ?
Le dernier jour de l’année 2018 a été marqué par le décret de l’Etat d’urgence dans sept régions de notre pays a l’occasion d’un Conseil des ministres annonce avec tambours et trompettes. Une longue séance présidée du reste par le Premier des burkinabè himself. Avons-nous pris conscience des insuffisances de notre dispositif ?
En elle-même, la mesure divise les Burkinabè. Elle est jugée ferme pour certains et pour d’autres insuffisante. Les partisans du premier groupe évoquent la récurrence des attaques terroristes aux quatre coins du pays et la nécessaire d’agir. Et dans ce camp, on en voit déjà qui, entre deux rasades de brochettes bien assaisonnées, déclarent au sujet du chef de l’Etat, "il a pris conscience maintenant. Nooon, on va finir avec les terroristes maintenant. Attendez !".
D’autres par contre sont plus réserves face au tour de magie du Père Noel.
Sans être pessimiste, à notre sens, il y a matière à diluer l’optimisme. Il faut relativiser la portée de la mesure car l’Etat d’urgence était plus ou moins formel dans certaines zones comme les provinces du Soum et du Gourma. L effet, on le connait : une persistance des attaques malgré un déploiement d’hommes et de moyens fussent tills insuffisants.
Pour enrayer le terrorisme hors de nos frontières nationales, il y a mieux que des textes sortis presque hâtivement d’une situation conjoncture Un Conseil de Défense s’est tenu le 27 décembre dernier (avant le Conseil des ministres ayant débouché sur la prise de décision de l’Etat d’urgence) et nous nourrissons le secret -espoir que d’autres rencontres de haut niveau avec la hiérarchie militaire se tiennent. Que des décisions qui collent avec la réalité du terrain soit prises pour parer aux coups de machette des hordes de terroristes dans la charpente de notre Etat-nation.
Roch Marc Kabore a intérêt à prendre la chose au sérieux car, de plus en plus, le marteau le plus lourd d’un règne, c’est à dire celui de l’impeachment populaire, plane sur sa tête. Surtout à deux doigts de l’élection présidentielle de 2020. Le marteau s’est alourdi davantage quand on y a mis dans la balance, les familles endeuillées qui perdent leur lapin dans le symbolisme que peut représenter une médaille de distinction à titre posthume. Ou encore, un statut de pupille de la nation qui mérite d’être mieux approfondi par l’Assemblée nationale et surtout par le gouvernement.
Non il ne faut surtout pas que le Gouvernement de Paul Kaba Thieba se chatouille lui-même et en rit cela n’aura pas de sens. Le décret de l’Etat d’urgence s avoisine à un déploiement onusien gère par le seul Burkina. Et il faut y mettre de la "matière grise" et de la logistique.
Les ministères de l’Administration du territoire, de la Sécurité, de la Défense, de la Communication, des Affaires Etrangères, la Justice entre autres doivent travailler en synergie d’action pour réussir l’état d’urgence. Il est donc plus qu’impérieux que les Etats-majors coordonnent les actions car jusque-là on a assisté à un simulacre d’actions concertées (cf. mauvaise coordination lors de l’attaque de la BT de Djibo).
Déjà les premières contestations de son Etat d’urgence décrète nous viennent du Soum ( Pobe-Mengao et Kelbo ) ou presque dix morts nous enlèvent tout optimisme en ce début d’année.
Roch devra se départir des résidus du sentimentalisme inapproprié qui l’habite jusqu’ à présent pour trancher en véritable maitre qui tient le Gouvernail. S’il ne le fait pas, il serait ainsi entrain de violer les lois et les paroles de son pronunciamiento à son investiture. Là aussi les textes sont clairs en la matière.
Il s’inscrira la sur une longue liste funeste d’hommes politiques de paille. Le seul ayant affirmé que les textes ne font pas du bruit lorsqu’ on les viole étant sorti de l’Histoire par la petite porte. Acceptera-t-il qu il soit son idole ? C’est un choix !
Camille Ouedraogo / www.lesoleil.bf.
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