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Naaba KOUGRI : le roi qui a “vomit” les travers de la démocratie moderne
Naaba Saaga II (1942-1957) et Kougri (1957-1982) sont deux importants souverains de l’histoire de la plus importante formation politique moaga à savoir le royaume de Ouagadougou. Ce royaume occupe la partie centrale de l’actuel Burkina Faso, ancienne Haute- Volta. Ce père et ce fils exercent la même fonction, celle de Moogo Naaba. En rappel, le pouvoir des Rois-soleil (Naaba) est à la fois temporel et spirituel en pays moagha. Le Mogho (la sphère géographique qui regroupe les royaumes moagha), dans l’imagerie moagha, est le centre de la civilisation.
Les souverains SAAGA et KOUGRI sont les descendants d’une vieille dynastie dont l’origine remonte à la fin du XVe siècle. Depuis cette époque, les sujets attendent d’eux paix, stabilité et prospérité devoirs que les souverains, assistés des prêtres, accomplissent à travers des libations aux mânes des ancêtres à l’occasion de cérémonies.

Mais le pouvoir des Naaba est au fur et à mesure remis en cause par la concurrence que leur imposent les agents européens de la colonisation, puis les nouvelles élites africaines dont l’ascension sociale les menace depuis l’entre-deux guerres. Avec l’école coloniale en effet, un « taalga (simple citoyen lambda) » peut prétendre « gouverner » les mogho ou encore remettre en cause leurs pouvoirs par sa position dans les institutions modernes.

Avec la conquête coloniale, la tâche des naaba n’a rien de simple. Le Naaba Saaga II est intronisé en pleine Seconde Guerre mondiale et doit préserver les intérêts de la royauté à l’heure de la naissance de l’Union française, de la loi-cadre et des partis politiques africains. Naaba Kougri, quant à lui, assiste, jusqu’à son décès survenu en 1982, à la marche rapide de la Haute- Volta vers l’indépendance avant d’avoir à composer avec des dirigeants africains formés par le colonisateur, pour qui la royauté est parfois vue comme un archaïsme condamné à disparaître.

Les Moogo Naaba ont donc été tenus de redéfinir leurs rapports à la société coloniale puis postcoloniale en fonction de leur personnalité et de leur contexte. Ils ont également eu à penser leurs stratégies de préservation - voire d’accroissement - de leur autorité, au point de rendre caduque la catégorisation simpliste qui tend à en faire des élites.
Synthèse de Ernest BONDAONE

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