La cérémonie traditionnelle annuelle du Nabasga de Dawanziri a la Périphérie de Ouagadougou a drainé assez de monde cette année. Elle s’est tenue ce 26 avril 2025. Inscrite dans les us et coutumes moagha, cette cérémonie imposée par la tradition aux Naaba est un véritable indicateur de la capacité de mobilisation et de rassemblement des Naaba.
En effet, le <<Nabasga>> se reporte que très rarement. Il est une fête culturelle et coutumière célébrée chaque année par les chefs coutumiers dans le Moogho. Le Naba actuel de Dawanziri n’a pas dérogé à la règle. Au contraire, il a si brillamment relevé le défis au regard de la mobilisation des populations et du soutien de ses homologues Naaba.
Un jeu d’alliances qui fortifie la tradition
Dès les premières lueurs de la matinée de ce samedi 26 avril 2025 à Dawanziri s’est déroulée le rituel de sacrifice pour remercier les ancêtres pour la saison écoulée. Une saison passée faite de bonnes grâces et de récoltes. Au stade de ce rituel, les Chefs de terres sont aux côtés du Chef. C’est à cette l’étape qu’ont lieu les differentes libations ( sacrifices d’animaux, boissons offertes aux mars des ancêtres, rite). Une étape obligatoire avant que le Naaba ne reçoive officiellement les invités et autres hôtes de marques.
Dans la cour du Roi ce jour, les « Yagengsse » ( neveux), des cousins et parents à plaisanterie San ( SAMO selon la déformation du terme) s’adonnent à coeur joie dans la tradition. Le bruit de leurs différentes sollicitations est amplifié, à chaque déplacement du Roi. On y entend des bardes et autres apologies des griots venus de l’extérieur du Palais. Est ainsi encensé à le Roi et les membres de sa lignée. Ce groupe, ce sont les <<setba>>, des griots sahélienne dont la transmission de la fonction se fait dans la lignée.
Il est une chose, s’il est connu que le Roi reçoit énormément de cadeaux, il est une réalité qu’il donne également aux griots, aux autres encenseurs et surtout aux couches vulnérables.
Le Nabasga ayant pour but d’implorer leur bénédiction pour la saison pluvieuse débutante
les récoltes, les bons spécimen surtout sont présentées aux mânes des ancêtres et des voeux sont formulés par le Chef, ses ministres et les Chefs de terre pour une prochaine saison fructueuse. Ces supplications aux mânes des ancêtres sont formulées à l’endroit des populations.
Comme à leur habitude, les natifs du village Dawanziri ( devenu un quartier à la périphérie de Ouagadougou), les partisans, amis et partenaires du Roi se sont déportés sur les lieux pour témoigner leur amabilité au Chef qui détient sa légitimité des ancêtres et du Tout-puissant de fait.
Ce beau monde venu des quatre coins du Burkina s’est donné rendez-vous au Palais royal. Qui avec des présents, de l’argent, des animaux…
Ce samedi, le parking improvisé est plein à craquer. Sous le Samandin ( vaste hangar qui sert à recevoir officiellement les étrangers, l’écriteau mentionne : <<Cour royale du Dawanziri>>. Au centre, le dessin d’un caïman. <<Cet animal a fait du bien à notre ancêtre. C’est pourquoi il est vénéré au sein du royaume. Le caïman est un totem pour nous>>. Et d’ajouter que le Naaba a aussi une fonction d’éducation de la jeune génération. <<Chaque fois que nous sommes face aux jeunes visiteurs, nous ne manquons pas de leur dire que le caïman est sacré au Dawanziri. Tout les natifs doivent le vénérr et ne pas consommer sa viande>>.
Sous la vaste hangar ce jour de Nabasga sont reçus les visiteurs. C’est le protocole du Naaba qui prend soin d’identifier les hôtes avant les introduire auprès du Roi. Chaque délégation attend son tour. Avant toute prise de parole, le protocole annonce les liens sociaux avec le royaume ou la personne du Chef. En position courbée, les coudes au sol pour certains et en position de génuflexion pour d’autres, les hôtes du jour évoquent les raison de leur venue. Contrairement aux autres jour, ce jour de Nabasga, l’ordre du jour est connu.
Le Nabasga qui a pour but aussi de montrer l’attachement des sujets à leur Naaba a drainé un grand monde et est devenue depuis un certain temps, un grand moment de retrouvailles pour les filles et fils de Dawanziri. Si ne s’est pas vu il ya quelques temps, saisissons l’occasion du Nabasga de Dawanziri se disent les convives.
Ce jour de Nabasga, combien sont-ils à arriver? On ne peut les compter. Des centaines, des milliers d’invités. Ils sont issus de d’autres chefferies, de la basse classe classe, de haut rang…Ils arrivent de partout dans le palais et le Naaba entouré de ses notables, s’affaire à les recevoir. Le protocole tient minutieusement compte des liens sociaux et du rang social de chaque hôtes.
A notre micro, Naaba Sigiri a confié que règne à Dawanziri le <<peende>> du Naaba de Gampela. On ne peut le nier car le Naaba actuel de Dawanziri à haut rang de ministre et conseiller auprès du Gampela Naaba. <<Dawanziri signifie « ne peut transformer la vérité ». Cette vérité vient du fait que ce sont les fils du Canton de Gampela qui règnent sur Dawanziri. Ce sont les fils du Naaba de Gampela qui règnent ici>>, nous a confié le Roi. Les natifs de Dawanziri sont contraints de perpétuer avec rigueur la tradition et surtout de ne pas mentir pour changer l’histoire. C’est un <<pulumde ( un pacte)>> pour lequel les ancêtres veillent. Ces mêmes ancêtres qui ne trahissent point et qui ont su perpétuer le <<peende>> du Chef de Gampela sur le trône de Dawanziri.
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Camille OUEDRAOGO
