Sécurité à Djibo : << L'abécédaire de mon voyage à Djibo >>

Un de nos reporters a séjourné récemment dans cette ville de Djibo, chef-lieu de la province du Soum et située à plus de 200 Km de Ouagadougou la capitale du Burkina. Cette ville qui passait pour <<la perle du Sahel>>-tant il y faisait bon-vivre-est devenue désormais la tristement célèbre. Elle dont on vante les vertus du sous-sol riche et l’hospitalité légendaire est devenue une ville-fantôme. <<Djibao>> qui signifierait selon une des versions de la création de la ville, <<là où il fait bon vivre>>,<<là où on peut s’installer et prospérer>> se meurt. Depuis que Malam Dicko a lancé ses premiers mots d’ordre d’un mouvement armé terroriste, l’insécurité a paralysé nombre de pans de la ville.

Ce voyage de notre reporter dans une ville grabataire qui résiste cependant à son éventuelle disparition programmée est touchant voir désarmant. Mais comme lui-même se ravise après tout, point n’est besoin d’un tableau noir aux dessins sombres. <<Non, Djibo résiste. Nulle ville au monde n’a autant développé une telle capacité de résilience>>, nous confie notre reporter Ernest Bondaone.

De ce récit long sur une ville apocalyptique où le manque du minimum, l’isolement du reste du Burkina (du fait d’une voie principale d’accès non bitumée enfouies de multiples mines et aussi des risques d’attaques), le dénuement, l’absence de tous les réseaux téléphoniques, la faim, la hantise de se faire exploser par les mines enfouies (IED) dans les zones périphériques est criard. Cependant, nous avons voulu donner une note d’espoir à travers un récit court mais pas moins interpellateur. Ce récit vous sera servis de façon séquentielle. Pour faciliter votre lecture mais aussi pour mieux dérouler le puzzle.

La rédaction de votre journal a donc pris sur elle de <<re-narrer>> ensemble le récit de son reporter à travers un abécédaire et quelques photos parlantes. Ensemble voyageons à Djibo!

A comme Armée

L’armée insuffle l’essentiel de la dynamique de la vie courante. Elle coordonne avec la squelettique administration qui reste, sécurise, organise la résilience et reçoit les vols sur la piste du 14eme Régiment inter-armes (RIA). Ces vols de secours composés essentiellement de vivres et de médicaments sont un exutoire et une bouffée d’oxygène pour une population à majorité affamée et traumatisée.

B comme Boisson

Ce nectar précieux manque cruellement dans la ville de Djibo. Lui qui naguère contribuait à requinquer les esprits et rassembler les amateurs et amatrices dans les maquis et autres gargotes se fait désirer telle une jeune fille allumeuse.

Que ce soit l’eau de boisson, la boisson traditionnelle ou moderne alcoolisée, le manque est évident. L’espoir d’une éventuelle dotation s’est éloignée depuis l’attaque des vivres convoyés pour Djibo en passant par Gaskinde, cette localité où le convoi a été attaqué, pillé, détruit avec de nombreuses pertes en vies humaines.

C comme carburant

Pas de carburant! Les motos des <<fuyards>> sont vidées de leur contenu pour terminer des courses. Le carburant est l’une des denrées les plus convoitées. Son absence est évidente lorsque vous rentrez dans la ville. Les populations naguère motocyclistes pour la plupart, se sont trouvées un nouveau engin, le vélo. Inactif et sans doute affamés, nombre de pompistes de station service se laissent fondre dans les bras de Morphée dans leur lieu de travail en pleine journée. L’espoir s’est volatilisé. L’espoir c’est Gaskinde. Du moins, c’était Gaskinde! Nombre de Djibolais et djibolaises (fonctionnaires y compris) marchent ou sont à vélo. Une situation qui n’est pas sans rappeler l’exposition au danger que celles-ci peuvent connaître et les chances éventuelles qu’elles puissent en échapper en cas d’attaque.

D comme Damiba.

La côte du Capitaine Ibrahim TRAORÉ, Chargé de l’expédition des affaires courantes de la Transition est grande dans la ville de Djibo car il est, selon la plupart des Djibolais rencontrés, de ceux qui ont pris sur eux la décision de convoyer des vivres ( 7 tonnes par voie aérienne) au lendemain de son coup d’Etat réussi contre DAMIBA. Une démarche que cette population ne semble pas oublier.

Tout naturellement les sondages sont au plus bas pour l’ex Chef du MPSR, DAMIBA.

Non seulement il est reproché au Lieutenant-colonel Paul Henry Sandaogo Damiba d’avoir asphyxié la ville en n’autorisant plus la libre circulation des personnes et des biens à travers ses décisions mais plus précisément on accuse l’ex chef d’Etat de ne s’être pas battu suffisamment pour <<sa chose>> Djibo. En effet, il y a servi dans le passé ( en tant que Commandant d’une région dont Djibo relève) et l’inefficacité de son action passe difficilement auprès de ces populations qui l’ont connues. D’ailleurs, ironie du sort, l’on attribue aux eaux en sachet de faible quantité et d’un prix cher, le nom de <<Damiba>>. A Djibo, les récits de ceux que nous avons rencontrés lient son nom à la cherté de la vie, à la dureté.

E comme École

En dépit du sacrifice des enseignants l’an passé et des bons taux aux différents examens, la rentrée peine à être effective cette année. Nombre d’écoliers et d’enseignants et enseignantes doutent qu’il y ait une rentrée scolaire cette année.

Les rencontres se multiplient à la direction provinciale de l’enseignement primaire et post-primaire mais la situation sécuritaire freine les ardeurs. Nostalgiques, on aperçoit de rares enfants qui portent leurs sacs au dos mais reviennent à la maison sans le moindre enseignement dans la journée.

F comme Femmes

Aux devants de la résilience, les femmes sortent pour chercher la pitance pour le reste de la famille. Elles sont aux aguets et reçoivent donc les premières informations liées aux distributions de vivres aux Personnes déplacées internes ( PDI) et aux couches vulnérables. Mais qui n’est pas vulnérables à Djibo?

Parfois, il arrive à ces femmes en charrettes pour la plupart, de braver le risque et se retrouver en zone rouge. Là-bas, elles cherchent de la nourriture, du bois frais pour la cuisson ou pour le commerce. Elles croisent les checks-points des hommes armés mais préfèrent choisir entre mourrir de faim et mourrir courageusement.

Le 27 octobre 2022, un groupe de femmes a été enlevé alors qu’elles étaient à la recherche de la pitance quotidienne. A côté d’elles, certaines femmes subissent la maltraitance des Hommes armés non identifiés (HANI) aux alentours de la ville. Elles sont fouettées.

Ces HANI leur ont fait une interdiction qu’elles n’hésitent pas à violer quand tout manque dans le ménage. Sacrées femmes courageuses!

G comme Gaskinde

N.D interrogé le 3 octobre 2022 à Djibo est formel, <<Si la mauvaise gestion de Inata qui relève de la province du Soum a fait partir le président Roch Marc Christian KABORE, Gaskinde de la même province a fait partir DAMIBA. En fin de compte, la province du Soum dont Djibo relève est une province dont on doit obligatoirement prendre soin au risque de se voir évincer du pouvoir. Le jeune Ibrahim TRAORÉ a intérêt à se pencher sur Djibo!>>.

Une rencontre houleuse entre le président DAMIBA et les militaires du 14 ème RIA à Djibo sur la question de Gaskinde a été le dernier acte majeur avant son éviction du pouvoir.

Récit à suivre.

La Rédaction

#convoi_de_vivres_a_djibo

#lesoleilbfpourgaskinde

#rentreeadjibo

#damiba_a_djibo

Exif_JPEG_420
Exif_JPEG_420
Exif_JPEG_420

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *