Le dimanche 10 novembre, nous avons rencontré Père Marius Hervé Djadji, théologien et curé de paroisse, prêtre ivoirien.
Mon Père, comme convenu, chaque trimestre nous faisons un entretien avec vous sur l’actualité religieuse ou sur des sujets qui touchent à la théologie ou à la société.
Que pouvez-vous dire sur l’actualité religieuse ?
Merci bien pour cette considération. Au niveau de l’actualité religieuse, nous pouvons noter les décisions finales du synode en attendant un document d’orientation. A ce niveau, j’animerai une conférence doctrinale pour faire une analyse théologique sur les différents points de cette assemblée. Concernant les fêtes des saints et la commémoration des défunts, j’ai déjà publié des articles sur les sens théologique et spirituel.
Aujourd’hui nous aimerions que vous nous éclairiez sur les activités éducatives et caritatives dans lesquelles vous êtes beaucoup engagés au niveau de votre village, Yaobou.
Merci bien. A ce niveau, il faut dire que je me laisse guider et orienter par la péricope eschatologique de Matthieu 25 quand Jésus dit : « chaque fois que vous avez fait à l’un de ces petits c’est à moi que vous l’avez fait ». A partir de là, je me suis toujours dit qu’une théologie sans des actes concrets de charité et de solidarité, est un discours vague, une spiritualité en l’air. C’est pourquoi, avec l’aide du saint Esprit, je m’engage dans la solidarité.
De manière concrète qu’est-ce que vous faites ?
Avec des amis, bienfaiteurs et hommes de bonne volonté beaucoup d’actes ont été posés dans mon village et dans tous les endroits où j’ai exercé comme prêtre en Côte d’Ivoire. Depuis mon arrivée en Belgique, une structure a été mise en place, qui est l’ASBL Yaobou Biya qui construit actuellement une clinique qui est en achèvement. Avec un groupe de médecins catholiques volontaires, cette clinique fonctionnera avec humanisme en mettant en valeur l’amour du Christ pour les malades. Actuellement nous nous concentrons pour convoyer tous les médicaments reçus et appareils pour ouvrir la clinique.
En dehors de la clinique, vous avez aussi un Centre sportif ?
Non ce n’est pas un Centre sportif. C’est un centre éducationnel qui intègre beaucoup de valeurs. Depuis en Europe, surtout en Belgique, j’ai pris le temps d’observer le système éducatif belge. En dehors de la formation classique et même technique, les enfants apprennent beaucoup de choses pour être autonomes. Ils ont des jours pour le sport, l’art, la formation dans les petits métiers qu’ils reçoivent aussi dans les mouvements de jeunesse. Une jeune fille belge, n’a pas besoin de peintre pour sa maison.
Avec des amies, elle va peindre sa maison. Un petit belge de 12 ans, sait faire la table, sait faire la plomberie et autres. Donc il y a une formation de base qui les rend autonome. C’est ce que je veux expérimenter.
Quelle sera la particularité de ce centre ?
Dans ce Centre qui sera une école, en dehors de la formation intellectuelle classique, les enfants auront des outils spirituels, une éducation morale, une formation dans les petits métiers dès le bas âge ainsi que dans l’art.
Souvent on est étonné de voir qu’un petit occidental est multidisciplinaire. Mais ce n’est pas compliqué. Chez nous, nous avons du temps, mais on ne sait pas combler ce temps par un apprentissage solide qui rendra l’enfant autonome demain. Nos parents le faisaient un peu avant dans l’agriculture et la cuisine, mais aujourd’hui, en dehors des cours, qu’est-ce que les enfants reçoivent dans l’ordre même du bricolage, de l’autonomie.
Mais vous avez une équipe de football ?
Oui, mais c’est un tout. Déjà nous organisons des petites formations. Mais étant donné que nous n’avons pas encore construit l’école, c’est l’équipe de football qui est visible.
Sinon c’est tout un environnement éducatif réfléchit où il y aura beaucoup d’outils pour réveiller en l’enfant des charismes et compétences. C’est pourquoi nous organisons un dîner le 11 janvier 2025 à la salle de la paroisse d’Anono à Abidjan pour récolter des fonds qui nous permettront de lancer la construction de l’école. Une fois que nous avons l’école, nous aurons, le sport, l’éducation intellectuelle, du bricolage, l’apprentissage des petits métiers, il y aura une véritable formation spirituelle pour ne pas que les enfants devenus adultes soient manipulés spirituellement comme ce que nous voyons actuellement.
Ce centre aura-t-il un lien avec votre Espace de Formation théologique en ligne (EFTL) ?
L’EFTL regroupe des compétences diverses, des adultes de plus de trente pays. L’EFTL est le premier soutient de ce Centre qui sera le siège, le lieu de retraite aussi. A l’EFTL il y a des hommes et des femmes qui viendront former les enfants spirituellement, et dans d’autres domaines. Les laïcs de l’EFTL seront formateurs dans cette école. Ils formeront les enfants, même en dehors de la spiritualité. Et si l’expérience marche à Yaobou, pourquoi ne pas exporter cela dans un autre pays.
Ce centre sera constitué de quoi ?
Déjà il y a la clinique. Sur le même espace que la clinique, nous aurons des classes, des ateliers, l’oratoire, une bibliothèque moderne, un foyer. Au niveau de la bibliothèque, j’ai déjà reçu plus de 3000 livres. Il ne faut pas oublier qu’à la base je suis enseignant d’universités donc plusieurs structures, amis et professeurs ont fait dons de livres.
Le projet n’est pas trop grand ?
Dieu est grand mais l’homme aussi n’est pas petit. C’est parce que je suis Africain que mes frères pensent que c’est impossible. Quand les religieux européens arrivent en Afrique et créent de grands Centres éducationnels, on trouve cela normal. Avec l’aide de Dieu et de toutes les bonnes volontés, on peut tout faire. Il faut croire en Dieu et avoir foi en sa conscience et aux dons reçus depuis le baptême.
Votre mot de fin ?
J’invite tout le monde à prendre le ticket du repas qui est à 30euros en contactant les numéros suivants : 002250709207671 ; 002250565746396 Mme Gomé Sidonie Kra ou 002250707355345 Mme Ouattara. Même si vous êtes en dehors de la Côte d’Ivoire ou empêchés, offrez des tickets. Ces genres de projets en zone rurale, peuvent freiner l’enrôlement des jeunes dans les rébellions dans nos pays. Rien n’est impossible à celui qui croit.
Entretien réalisé par le Média en ligne :
Diaspo-catho-africa en collaboration avec d’autres structures.