Le Premier ministre, Dr Apollinaire Joachimson KYÉLEM de TAMBÈLA, a présidé, ce jeudi 22 août 2024, à Ouagadougou, la session ordinaire du Conseil National pour la Modernisation de l’Administration Publique et de la Bonne Gouvernance (CN-MABG). Il a appelé à une modernisation réfléchie, ancrée dans les spécificités socio-culturelles du pays.
« Quelle administration et quelle gouvernance voulons-nous réellement ? Ce sont, entre autres, les questions essentielles soulevées par le Premier ministre, Dr Apollinaire Joachimson KYÉLEM de TAMBÈLA sur l’avenir de l’administration et de la gouvernance au Burkina Faso.
Il a fait savoir que les défis actuels exigent une administration spécifique, conçue en fonction de l’état actuel de la société burkinabè et des objectifs fixés par le Gouvernement.
Pour étayer son propos, il a évoqué une conférence organisée durant la Révolution Démocratique et Populaire, avec l’appui de l’Institut d’études politiques de Toulouse, qui avait produit un document clé intitulé « Administration et Développement au Burkina Faso « .
Ce document, selon lui, reste une source précieuse d’informations, afin de piloter avec succès la modernisation administrative.
Le Premier ministre a également indexé le système éducatif actuel, affirmant qu’il produit des diplômés plutôt que des intellectuels capables de penser de manière critique et de proposer des solutions adaptées aux réalités locales.
« Nous sommes les fruits d’une école qui nous a appris à obtenir des diplômes, pas à réfléchir, » a-t-il déploré, avant de souligner que les diplômés en droit, par exemple, appliquent les lois comme si elles étaient destinées à des sociétés étrangères, telles que la France ou les États-Unis, sans tenir compte des spécificités burkinabè.
Dr KYÉLEM de TAMBÈLA s’est aussi interrogé sur la pertinence d’une démocratie calquée sur des modèles occidentaux.
« De quelle démocratie parle-t-on ? Est-ce la démocratie impérialiste, où un million d’électeurs élisent un président qui peut être contesté avant la fin de son mandat, ou une démocratie adaptée à notre société ? » a-t-il questionné.
A l’écouter, la démocratie et la liberté doivent être définies dans un cadre sociétal spécifique, en fonction des réalités locales, et non selon des concepts importés.
Pour illustrer son propos, il a comparé les situations des paysans burkinabè et français, illustrant les différences profondes qui doivent guider la réflexion sur les modèles de gouvernance à adopter.
« Nous sommes dans une société où certaines personnes n’ont même pas d’eau potable. Ils boivent dans les mares, c’est-à-dire les mêmes eaux que les bétails. Quand nous définissons nos termes, nous devons les appliquer au contexte de notre société », a-t-il expliqué.
Il a également abordé des questions comme la polygamie et l’homosexualité, en demandant quel modèle présente le plus de valeur humaine dans le contexte burkinabè.
« Dans beaucoup de pays occidentaux, l’homosexualité est légalisée, mais ils condamnent la polygamie. Est-ce cela la liberté ? Entre la polygamie et l’homosexualité, qu’est-ce qui a plus de valeur humaine ? La polygamie a toujours existé dans l’histoire », a-t-il questionné.
Le Chef du Gouvernement a aussi mis en exergue le contexte sécuritaire difficile dans lequel se tient cette session.
Pour lui, notre Administration publique, à l’image des autres composantes de la Nation, subit encore l’impact négatif du contexte sécuritaire difficile marqué par les exactions commises sur les vaillantes populations par les terroristes et leurs soutiens.
Le Chef du Gouvernement a profité de cette tribune pour réaffirmer l’engagement du Burkina Faso dans sa quête de souveraineté territoriale.
« Nous avons choisi de rester debout et d’emprunter courageusement le chemin que nous avons choisi en connaissance de cause pour parvenir à notre développement, » a-t-il déclaré.
C’est pourquoi, le Premier ministre a salué les Forces de défense et de sécurité (FDS), les Volontaires pour la défense de la patrie (VDP), ainsi que tous les agents publics qui, à son avis, ont pris un engagement patriotique pour hisser le Burkina Faso au rang des Nations souveraines et respectées.
Il a déclaré que : »La souveraineté de notre pays et le développement profitable à toutes les couches de la population ne sont envisageables que dans un contexte de modernisation de l’Administration publique et de bonne gouvernance. La modernisation de l’Administration publique et la bonne gouvernance sont des facteurs essentiels à la stabilité politique, à la cohésion sociale, à la paix, et au renforcement des valeurs cardinales de la Nation ».
Néanmoins, il a reconnu que le déficit de gouvernance et une administration inefficace peuvent exacerber les crises que traversent les États.
La session du CN-MABG vise ainsi à évaluer les actions de modernisation pour 2023 et à donner de nouvelles orientations pour promouvoir une culture de résultats dans l’Administration publique, axée sur la satisfaction des usagers et l’efficacité des services publics.
DCRP/Primature