« Les victimes attendent les 50 millions du Patronat remis au gouvernement »
Les filles et fils de Barsalogho et du Sanmatenga voudraient remercier le souverain pontife qui nous a honoré. Notre existence humaine trouve une reconnaissance à part entière à travers les condoléances adressées aux familles et les hommages rendus le dimanche 1er août 2024 à la mémoire de nos parents morts tragiquement en martyrs dans l’exécution d’une mission de service public voulue par les autorités de notre pays.
Une délégation ministérielle conjointe des pays frères du Mali et du Niger a aussi présenté des condoléances ce lundi 2 août 2024 au chef de l’Etat Ibrahim Traoré et au peuple burkinabè.
Nous sommes satisfaits et apaisés par les multiples marques de compassion de la communauté humaine nationale et internationale dont particulièrement celle venant du Pape en tant que figure religieuse mondiale parmi les plus importantes.
Il est à noter que cette grande sollicitude compassionnelle mondiale qui nous restitue notre droit à l’humanité se fait pendant que le gouvernement du Burkina Faso reste toujours silencieux se refusant à présenter des condoléances officielles aux familles des victimes et aux Burkinabè en général.
Nous comprenons que le président Ibrahim Traoré puisse être confus et se trouver dans un dilemme profond sachant qu’il a donné un ordre dont les conséquences sont aujourd’hui dramatiques avec au moins 400 morts. C’est justement cette incurie qui consiste à ne pas vouloir affronter la réalité en face et en assumer la responsabilité morale et politique qui est la sienne dans ce qui est advenu qui est pour nous inacceptable et intolérable.
Nous attendons et réclamerons, par principe, ces condoléances officielles quel que soit le temps, au nom des valeurs et symboles qu’incarne l’Etat.
Le gouvernement du MPSR2 peut être sûr qu’il a une dette du sang vis-à-vis de Barsalogho et, les générations, présentes et futures sont en devoir de réclamer des comptes, y compris au moyen du droit, à chacun des dirigeants actuellement aux affaires dont la responsabilité collective est sérieusement engagée.
Quant aux rumeurs sur la tentative d’enlèvement de Monseigneur Naré, évêque de Kaya, parce qu’il n’y a jamais de fumée sans feu, nous tenons à mettre en garde les autorités sur ce projet funeste et invitons les populations à protéger notre Evêque contre les individus encagoulés.
Pour ce qui concerne l’enlèvement du VDP Tindaogo Bamogo de Barsalogho et d’autres personnes menacées pour leurs opinions sur la tragédie de Barsalogho, nous appelons les autorités à la raison et à faire cesser cette persécution gratuite.
La violence ne pourra pas empêcher la vérité d’éclater ni qu’on l’exige à la face de nos dirigeants quand ces derniers montrent publiquement qu’ils refusent ou ne sont pas capables d’assumer leur responsabilité entière face aux conséquences des actes qu’ils posent.
La situation après drame de Barsalogho n’a pas été politisée par personne ; elle est restée jusque-là humanitaire et sociale. Mais à force de l’envenimer par l’arbitraire, l’achat de conscience, la manipulation et les frustrations diverses, la population est désormais en colère.
Le peuple du Sanmatenga n’acceptera pas qu’on lui marche dessus d’une manière ou d’une autre et par qui que ce soit après lui avoir manqué de respect, de considération, nié son droit à l’humanité et piétiné sa dignité en banalisant ses morts.
Ceci dit, nous tenons à remercier les hommes d’affaires burkinabè qui, à travers le Patronat, ont fait un don de 50 millions aux victimes. Nous invitons les autorités à reverser cet argent au comité de gestion de la crise qui est chargé de la tragédie de Barsalogho. Ledit comité se trouve à Kaya et a été mis en place avec la bénédiction de l’administration.
Tél du Comité :
70-67-08-75 / 76-42-38-55 / 78-33-51-05.
Le comité est dirigé par des fils de Barsalogho ; lesquels ont lancé dimanche un appel urgent à l’aide et à l’assistance au profit des orphelins et des veuves de Barsalogho confrontés à une grave situation humanitaire. Les familles n’ont pas à manger et ont besoin d’une prise en charge psychologique.
Le gouvernement a déclaré officiellement que les blessés étaient soignés gratuitement. Rien ne pourrait encore justifier que les 50 millions du Patronat soient utilisés pour soigner des blessés. Nous avons des doutes par rapport au transfert de cet argent au fonds national de solidarité et de résilience social au lieu d’aller à la meilleure destination qu’est le Comité qui parait plus indiqué pour que nos familles soient soulagées de manière rapide et efficace sans être doublement victimes des procédures administratives lourdes et de la spoliation.
Le Collectif :
– Réitère sa reconnaissance pour tous les messages de compassion et les initiatives d’assistance ;
– Appelle tous les filles, fils et leaders du Sanmatenga et du Centre-Nord à agir dans le sens de la vérité en se démarquant des visées intéressées, l’opportunisme et des postures compromettantes et à demeurer dans la seule quête de la justice pour nos morts qui ont le droit de mériter le respect de leur mémoire ;
– Réclame sans cesse la reconnaissance de nos parents tués comme Martyrs et l’octroi du statut de pupille de la Nation à nos milliers d’orphelins comme la loi le leur permet.
Fait à Kaya, le 3 septembre 2024
La Coordination