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Quelles peuvent-être les raisons de la décrépitude de la société Burkinabè actuelle ? Les raisons sont à chercher d’abord dans l’histoire, au lendemain de la création des jeunes Etats africains dits indépendants. D’abord, le faux départ est parti d’une indépendance accordée et non arrachée pour la plupart des Etats de l’Afrique occidentale française. Pire, bien qu’étant aux avant-postes de la lutte pour l’avènement de l’indépendance, les Pères fondateurs ont eu du mal à faire le distinguo entre l’Etat moderne et la gouvernance des royaumes et empires originels africains. Les nouveaux Chefs d’Etat dans une vision kafkaïenne (confuse) de l’exercice du pouvoir moderne du Blanc et celui des sociétés africaines, ont confondu leader politique et « meilleur en toutes disciplines ». De cette époque politique sanglante dans le destin des jeunes Etats l’héritage a été lourd psychologiquement. La répression sanglante des opposants et de tous ceux qui y avait un faciès fusse-t-il réel ou fictif. Conséquences : assassinats d’opposants et d’intellectuels comme le leader Kragbé GNAGBE, le Sénateur Biaka BODA en Côte d’Ivoire, Diallo TELLI et autres en Guinée.

La Haute-Volta a fait exception jusqu’aux années 80 et 90 où la violence politique a été érigée en mode de gouvernance. Badembié Nezien, Mamadou SAWADOGO, les Professeurs Guillaume Sessouma, Oumarou Clément OUEDRAOGO et l’étudiant Dabo Boukari … Tous ont été les moutons de sacrifice d’une jeune démocratie trop influencée par les « kakis » de soldats. Plus tard, un triste slogan est sorti des années froides de cette décennie depuis les locaux-geôles du Conseil de l’entente, QG du pouvoir en place : « Si tu fais on te fait et il n’y aura rien ! ».
Conséquence de cette menace perpétuelle et pendante, une purge sanglante avec comme héritage pour la jeune génération, une démocratie flasque. Au fil du temps, les écoles de la pensée sont tombées dans la léthargie. Qui est fou ? La conséquence grave pour le Burkina et l’Afrique de façon générale étant ensuite une perpétuelle réminiscence (mauvais souvenirs enfoui) des années où les dictateurs et autres
Timoniers mataient dans le sang les élites pour la plupart opposants et contestataires. Au risque de perdre postes et vie, certains opposants, se sont alignés sabordant ainsi tout esprit critique en eux et leur devoir historique de la dialectique contestataire lesquels devraient être légués aux jeunes générations.

Or, en optant pour le silence et la compromission dans les cercles syndicaux et politiques, la mollesse de la vie et/ou de l’option des ainés tuait ainsi, à jamais l’esprit critique de plusieurs générations de jeunes qui suivront. La raison est que les laboratoires syndicaux et politiques dans lesquels ces aînés ont été moulés (Groupe d’études communistes, Jeunesses socialistes, les Confédérations syndicales…) n’avaient plus de souffle pour survivent et/ou faire survivre les jeunes Etats démocratiques africains légués avec une vulnérabilité insoupçonnée. Cependant, ces laboratoires qui ont quasi disparus étaient l’avenir même de ces jeunes Etats. Dans les cercles politico-syndicaux, en effet, on apprenait la rédaction, la critique, l’autocritique, la continence, la conservation de secrets, l’abstinence, la discrétion, le respect du Chef…Bref, la vie !
Dans ces milieux, les leaders inculquaient aux plus jeunes, les nouveaux adhérents, des valeurs qui protégeaient et marquaient à jamais leur vie d’adultes responsables. Une chance pour les Etats d’avoir des cadres compétents. Or, ces milieux, que les jeunes d’aujourd’hui n’ont pas forcement connus, n’étaient pas que des clubs de personnes partageant les mêmes valeurs, c’étaient des Ecoles. On y apprenait en réalité l’Essence de la vie.
La difficulté c’est qu’en dépit de ces apprentissages, l’on devait être excellent sur les bancs. Il y avait donc un double apprentissage qui constituait à exceller dans l’apprentissage des curricula du Blanc pour mieux le dominer et l’égaler et un devoir de maitriser sa propre personnalité. Tout ceci était en réalité l’essence d’une vie pleine d’homme sur terre. Il fallait être comme le disait les slogans de l’époque : techniquement compétent et politiquement mûr. Le leader syndical et/ou politique était dans la plupart des cas, le plus bon et rigoureux au travail. Il était l’exemple même personnalisé.
Or, le constat de nos jours, c’est que le flambeau de l’apprentissage dans ces milieux n’a pas été protégé des bourrasques de la politique politicienne moderne. Il n’y a pas eu de transmission par les aînés.
Ce n’est pas que la faute de ceux-ci, les jeunes ont leur part de responsabilité. Ils n’ont pas poursuivi le feu du savoir Prométhéen chez les Anciens.
De nos jours, certains leaders syndicaux et politiques, militent pour se protéger des sanctions professionnelles. Idem pour leurs militants. Au lieu de se remettre perpétuellement en cause sur leur travail, leur conscience professionnelle, leur utilité dans la société, le débat est plus orienté vers l’amélioration des conditions de vie : le salaire.
Certains, lorsqu’ils fréquentent les syndicats, ne le font que pour des subsides personnels immédiats : de la pacotille à côté des valeurs collectives à défendre. L’esprit critique a foutu le camp.
Conséquence, les luttes sont dictées par des officines occultes à l’intellect limité et vont dans les sens les plus intenables. Conséquence, le pays est au bord du gouffre. Certaines générations d’aînés, comme le dit KY-ZERBO, n’ont pas su construire leurs pyramides. Ils n’ont fait que des amphis obsolètes.

Le problème de l’absence de formation syndico-politiques adéquates c’est que par-là, des jeunes par le concours du carriérisme, se retrouveront un jour au sommet de l’Etat et/ou de l’Administration publique avec des prises de décisions aux antipodes de la réalité socio-économique et politique du pays. Malheur du pays, la génération des tarés se serait hissé à la tête de l’Etat. A notre sens, l’absence
de formation politique, de « vie » dans les syndicats expliquent la décrépitude de notre société. Le carriérisme seul ne garantissant pas l’avenir d’un pays. Mais, il y a sans doute espoir car comme le dit le
Sage chinois « Sans désordre, il n’y a pas d’ordre ». La décantation de l’Histoire surviendra. Forcement. Dieu est Burkinabè !
Camille OUEDRAOGO/lesoleil.bf

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