hk

Le travail dans une mine industrielle a la particularité qu’elle fait appel à une expertise qui n’est pas forcement locale. Se côtoient donc, des communautés locales avec des fils peu qualifiés et des expatriés qui sont les cadres de la structure. Le climat de travail ainsi présenté, il faut une bonne dose de bonne collaboration entre ces deux entités différentes mais pas antagoniques. Youga a été malheureusement un échec de cette collaboration censé être bonne entre les deux entités.

C’est chaud à Youga. Les rancœurs sont montées d’un cran. Cette petite localité, située à quelques encablures de la frontière ghanéenne (province du Boulgou) s’est rendue tristement célèbre le 8 août dernier par une vendetta savamment orchestrée par une partie de la population. Que s’est-il passé ? Selon nos sources, un vigile de la compagnie industrielle d’exploitation d’or a tiré sur un des orpailleurs qui rôdait autour de la mine la nuit. Un incident qui a causé la mort de ce dernier.
Il a suffi de cette étincelle pour qu’un géant autodafé avec des grandes fumées s’élève dans le ciel de Youga. Une partie des membres de la corporation des orpailleurs, aidés par des jeunes du village, ont donc orchestré une descente musclée sur la mine en guise de représailles suite à la mort de cet orpailleur. Ils souhaitent vengés ce jeune plein d’avenir selon leurs dires. Les " mutins " ont donc incendié de nombreux véhicules, dumpers et procédés à des jets de pierre qui ont blessés des employés.

Le communiqué de la sécurité

Face au découragement de nombreux burkinabè à la vue de la violence qui se dégage des images de la vendetta, le ministère en charge de la sécurité a sorti un communiqué dans lequel il condamne les violences et explique les démarches déjà faite pour maintenir la sécurité dans cette partie de notre pays.
Selon donc ce communiqué du ministère, " un vigile du site de la mine de Youga dans la commune de Zabré, province du Boulgou, a ouvert le feu sur une personne étrangère occasionnant la mort de cette dernière, dans la nuit du mercredi 7 au jeudi 8 août 2019.
Des représailles de la part de la population a occasionné plusieurs blessés et d’importants dégâts matériels, suite à ce drame.
Une enquête est ouverte, précise le communiqué.
Tout en présentant les condoléances du gouvernement à la famille de la victime et souhaitant un prompt rétablissement aux blessés, le ministre de la Sécurité appelle la population au calme et à la retenue ".

Des antécédents graves

Avant cette situation déplorable, le climat entre les populations riveraines et les repreneurs de la mine, des turcs, n’était pas paisible. En effet, celles-ci reprochent aux nouveaux repreneurs d’embaucher des personnes étrangères à la localité. Pire, face à leurs interpellations, les choses n’ont pas changer. Pour Moumouni Dakuyo, habitant que nous avons pu joindre, " si l’on fait une comparaison avec le période ou les anglais géraient, on ne peut que se rendre compte que les turcs n’ont aucun respect pour les populations locales ".
Selon des témoignages émanant de nos sources, les cadres de la société ont renforcé récemment leur sécurité. Un meilleur renforcement par des achats d’armes a été fait et même des cadres en possédaient. Or, dans un tel cas, il n’y a pas de dotation qui vaille. Il faut plutôt de bons rapports avec les communautés. C’est le seul et véritable gage d’une bonne collaboration.

Les incidents de Youga, s’ils sont à déplorer, montrent au moins que les relations avec la communauté locale n’ont pas été biens tissées. S’il existe une structure chargée de ce volet à la mine industrielle de Youga, il faut qu’elle recadre son fonctionnement et redynamise ses activités. Elle doit notamment rentrer en contact avec les leaders communautaires (chefs coutumiers et religieux, leaders d’OSC, structures de personnes vulnérables…) et les services déconcentrés de l’Etat.
Si elle n’existe pas, il faudra que les turcs, les premiers responsables de la mine, la mettent en place et veille à l’entretenir, la dynamiser, la considérer. Elle doit prendre la plupart des décisions en concertation avec celle-ci. Enfin, une fondation avec un bureau fait de membres crédibles gagnerait à être mise en place. Camille OUEDRAOGO.

>> Notre équipe

Newsletter

Proverbe Le vivre ensemble

« Il est malheureux que les gens ne voient que les différences qui les séparent. S'ils regardaient avec plus d'amour, ils discerneraient surtout ce qu'il y a de commun entre eux, et la moitié des problèmes du monde seraient résolus. " (Paulo Coelho) »