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Tenir l’information au quotidien

L’information est une denrée. Une denrée comestible et périssable dont
le garant est le journaliste qui travaille dans un média
professionnel. Que ce soit sous l’angle de son caractère comestible ou
celui de sa capacité à se détruire au fil du temps, il y a comme une
senteur de sensibilité, de fragilité qui s’y dégage. Il est en effet
connu que la restauration est l’un des domaines de la vie publique que
les dirigeants d’un pays se doivent de contrôle méticuleusement. En
effet, il est connu, la capacité de nuisance, ravage d’une denrée
incomestible et périmée est grande au niveau de la population.
Au vu de tout ceci, l’on peut conclure au rôle combien sensible des
médias. Le rôle traditionnel des médias étant éducatif, distractif et
de sensibilisation, l’on peut subtilement ne pas percevoir la
sensibilité de la tache de ses acteurs. Pourtant, dans tous les
domaines de la vie courante, l’information est le départ de toute
action. « Au commencement était la parole », dit la Bible. Ainsi dit,
l’information est le feu prométhéen qu’il faut aux peuples pour faire
grandir leur conscience sociale. On parle alors d’opinion publique.
Elle est façonnée par les hommes de médias et autres les leaders
d’opinions. C’est conscient de cela que, nombre de pays consacrent
dans leur Loi fondamentale, le droit à l’information et la liberté de
presse et d’opinion.

Cependant, l’information est un couteau à double tranchant. Elle peut
être constructive comme elle peut faire effondrer un royaume
longuement bâti en une fraction de seconde. C’est cette capacité de
nuisance qui fait que la presse ne peut être laissée aux seuls
journalistes. Elle est si précieuse qu’elle ne peut être portée que
par seuls de frêles doigts d’étudiants sortis d’écoles célèbres de
journalisme ou d’universités aux études y afférentes. L’approche
anglophone du journalisme est assez révélatrice de cette réalité. Même
si aujourd’hui, malgré les tentatives dans les pays francophones de
fermer la corporation, la convergence numérique a fait voler aux
éclats l’intimité du domaine des journalistes. Des activistes sont
plus réactifs sur des sujets d’intérêts nationaux, des bloggeurs
passent pour des aimants de nombreux followers qui croient en leurs
écrits comme parole d’évangile. En un mot, les journalistes
traditionnels sont titillés dans leur amour-propre.

Certes tout le monde n’est pas journaliste. Et le journalisme a ses
règles qui ne sont pas connu de tous. Il s’agit d’un métier ! Mais
aujourd’hui, il n’y a pas que les journalistes qui ont le monopole de
la diffusion de l’information, il y a d’autres acteurs plus suivis. De
nos jours, il faut encore plus de recherches, de précisions dans la
quête de l’information pour alimenter une opinion publique.
Même si, reconnaissons-le humblement, l’objectivité journalistique est
une quête inlassable. Et il serait hasardeux pour un journaliste qui a
obtenu le prix Pulitzer de se revendiquer du monopole de cette Vérité
journalistique.

Les journalistes ont la force de la publicité publique. Ils creusent
au quotidien pour satisfaire la soif d’information des populations.
Aussi doivent-ils se munir de viatique tels que l’esprit critique, la
culture générale, la passion du métier. D’où la notion de chien de
garde de la démocratie. Encore faut-il connaitre la démocratie ! Pour
la connaitre, le journaliste se doit d’être un passionné, un assoiffé
de l’apprentissage.
Le journalisme a cette particularité qu’il n’y a pas d’institutions
qui n’échappent à sa critique. Or, la réalité est que tout homme,
toute institution a ses limites et aussi ses « cadavres » dans le
placard. Les journalistes en faisant des dessous des choses leur fruit
de recherches, ils deviennent du coup une nécessité de la démocratie,
voire de la Gouvernance. Ainsi donc les journalistes se font les
archéologues qui exhibent les cadavres indésirables de la république
pour mieux réconcilier la république avec son histoire réelle. Ils
sont les médecins qui remuent dans la plaie avec un désinfectant afin
qu’elle guérisse. C’est pourquoi, les hommes de médias sont courtisés
par tous les régimes. « Si vous souriez à la presse, la presse vous
sourit, et quand elle est de votre côté, le monde vous appartient »,
déclarait L’intellectuel Daphné du Maurier dans son œuvre La poupée.
La presse existe, elle est critique. Il faut la courtiser !

La presse a cependant ses limites. Manque de professionnalisme, la
porosité de la corporation, la vulnérabilité et l’exposition aux
pouvoir publics, le plagiat, l’insuffisance dans la formation dans un
monde en perpétuel mutation…Infeste, l’information, objet d’étude des
journalistes, l’est aussi. Surtout lorsque qu’après lecture ou écoute,
la conscience du consommateur de l’information fait fondre la glace de
la réalité des écrits ou des émissions. Sous la menace de la
corruption générée par les puissances du moment, des mots flatteurs,
dénigrants d’invitent dans le travail. Comme le dit l’homme de Lettre
Pierre Descaves dans son œuvre Le Théâtre, « La critique a toujours
eu mauvaise presse ; le critique, bonne conscience ». L’homme de
médias à cette position gênante qu’il est à la fois consommateur
d’information et aussi son critique. Il faut alors de la hauteur au
journaliste pour faire son autocritique ou encore la critique de sa
propre corporation. Dans tous les cas, seule la bonne conscience après
le travail soulage le journaliste. Ce n’est point l’argent et les
faveurs matérielles qui le fait.

Tout comme les autres hommes publics, les journalistes sont sous les
feux de rampe. Ils sont présentés comme des guest stars courtisés par
tous. Pourtant, il faut une bonne dose d’humilité au journaliste pour
réussir dans sa mission. En effet, tout ce qui brille n’est pas de
l’or. Et le journaliste en tant que leader d’opinion se doit de
prendre de la hauteur en âme et conscience pour assurer sa mission
avec professionnalisme mais surtout avec l’humilité qui sied.
Camille OUEDRAOGO

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