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Tout commence par un fonds de décor ressemblant à un fauteuil. Dans la réalité, il n’en est rien. Il s’agit d’un voyage dans le temps. Du moins, un voyage dans le cosmos où les acteurs choisissent une période donnée à partir de laquelle ils décrivent les hauts faits de guerre, les combats, le militantisme de l’Afrique…Par la suite, le spectateur comprend qu’il est transporté dans un voyage avec un équipage aux ordres de MISTER TIME. Quand la machine en panne ne rend pas quasiment fou, ce maître-concepteur, pour le faire crier hors de lui, " bordel de machine que j’ai créée de mes propres mains et qui me dicte maintenant ce que je dois faire ", c’est l’année ou la porte 87 qu’il réclame. Ce dernier vit dans les formules mathématiques qui le permettent de voyager à travers le temps. Et tout montre que ces formules vivent aussi à travers lui. Ils sont interdépendants l’un de l’autre. La preuve, pour le calmer de ses folies, il faut effacer ces formules longues sous formes de graffiti griffonnées du calepin au sol sans barrière ni frontière.
MISTER TIME, scientiste, mi- dieu, mi-homme créateur se perd parfois dans ses calculs pour atteindre une époque nostalgique qui lui revient comme une sorte de réminiscence lorsqu’il est même dans un état de schizophrénie. La nature humaine est aussi faite d’erreurs qui échappe et défient la précision mathématique du modernisme et du scientisme. " Porte 87 ", " porte 87 ", vous entendrez cet ordre à plusieurs reprises au cours de la pièce. MISTER TIME le lance à ses employés, des membres de son équipage, pour retourner dans l’année 1987, année de la Révolution de Thomas SANKARA.
L’exclusivité n’est pas seulement aux années Sankara, elle est aussi à la période de décolonisation du continent. En effet, le voyage dans le temps s’arrête souvent à 1944 ou encore dans les années 2000 où le leader de la Jamahiriya libyenne, Kadhafi froisse et jette la charte de l’Organisation des nations-unies (ONU) après avoir fait un pamphlet contre la structure.
Le décor impeccable laisse penser réellement à " une porte des étoiles " par laquelle les acteurs sortent et apparaissent ou du moins voyagent à travers le cosmos. Kwamé N’KRUMAH, Ellen Johson SIRLEAF, Thomas SANKARA…C’est une ambiance où quatre acteurs vêtus de noir, dégage de l’énergie. On suit le spectacle comme si on était soi-même à l’autre bout de la navette spatiale, côté passif, c’est-à-dire cour. Parfois quand la machine fonctionne bien, il faut souvent craindre que le pire surgisse et qu’on crie " nous sommes tombés dans un trou noir ". Noir est en effet le trou. Mais noir est aussi les lueurs du lendemain. On ne peut pas s’empêcher d’écrire " une lettre au monde " pour le prévenir de ses agissements qui pourraient menacer son devenir. Même si, on le concède, les lendemains de l’Afrique n’appartiennent qu’à Dieu.
Alors quand on crie " Porte 2050 " à la fin de la pièce, le temps semble s’arrêter. Les feux alors s’éteignent.

Master Time est une belle représentation écrite et mise en scène par Noël Minoungou, avec des acteurs comme Eléonore KOCTY, Mahamoudou GOUEM…Il fait partie d’un vaste projet dénommé STAGGING TIME qui regroupe plusieurs pays. Mister Time est la proposition du Burkina Faso à ce projet. A regarder absolument ! Ernest BONDAONE.

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