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Le monde entier célèbre ce jour la journée mondiale des toilettes ou encore " le petit coin ". Quel est le constat au Burkina et dans le reste du monde ?

Déféquer, c’est l’exercice au cours duquel sort de notre corps des déchets d’une chaleur et d’une puanteur. La position du corps pendant cet exercice est si restreinte, recourbée que l’on a du mal à le faire sans sentir de la puanteur. C’est pourquoi, les toilettes doivent être propres, aérés et quelques peu adaptées à un séjour plus ou moins longs. Cependant, en Afrique et précisément au Burkina Faso, les toilettes ne sont pas considérées comme des ouvrages, partie prenante de la cour ou du service. Les chiffres à travers le monde font peur en la matière. En France, 8 écoliers sur 10 se retiennent à l’école, car "elles sont souvent sales" tandis que 673 millions de personnes dans le monde défèquent encore en plein air. Selon une enquête réalisée par le journal Jeune Afrique en 2014 sur l’accès aux services d’hygiène et de toilettes dans le monde, " nous sommes environ 7 milliards sur la planète. Quelque 6 milliards d’entre nous ont un téléphone portable, mais seulement 4,5 milliards d’êtres humains disposent de toilettes. Une situation dont plus de 2 000 enfants meurent chaque jour, en particulier en Afrique ".

Au Burkina Faso, les toilettes restent l’ouvrage pauvre des bâtiments. " On peut injecter des centaines de millions dans la construction d’un bâtiment mais on mettra peu de moyens dans les toilettes internes et externes ", argumente Belem Arouna, élève ingénieur en assainissement. Dans notre enquête nous avons approché des ménages. Au Burkina Faso, les cours communes sont appelées abusivement " celibatoruim ". Nous avons fait le déplacement dans l’un d’eux. La puanteur et les autres insectes volant vous accueillent lorsque vous y arrivez. " Parfois nous sommes obligés d’improviser des visites chez des proches pour avoir un cadre agréable pour déféquer ", souligne Nadège une étudiante habitante de ces maisons. " Nous avons à plusieurs reprises interpellés le bailleur (propriétaire de la maison, ndlr) mais il fait la sourde oreille. Pour lui ce n’est pas lui qui bénéficie de ces toilettes. Aussi estime-t-il que les locataires doivent s’arranger pour gérer leurs toilettes ", nous a confié Antoine Zongo.

Objectif d’une journée
La Journée mondiale des toilettes, qui a lieu chaque année à la date du 19 novembre, vise à donner un nouvel élan aux efforts entrepris pour gérer la crise sanitaire à l’échelle planétaire.
Pour la Journée mondiale des toilettes 2019, le mot d’ordre est d’ " agir en ne laissant personne de côté ". C’est l’un des enjeux fondamentaux du Programme de développement durable à l’horizon 2030. En effet, l’Objectif de développement durable n° 6 (ODD 6) vise à instaurer, d’ici à 2030, l’accès général à l’eau et à l’hygiène, de même qu’une gestion durable des ressources en eau.

Les élèves évitent les toilettes sales
Selon notre confrère Europe1, les enfants se retiennent d’aller dans les toilettes à l’école. Or, cela n’est pas sans créer des problèmes de santé. Selon son reportage réalisé à l’occasion de cette journée mondiale, 80% des enfants qui fréquentent l’école primaire dans ce pays évitent d’aller dans les toilettes de leur établissement. Il écrit, " La journée mondiale des toilettes rappelle que quatre milliards de personnes sur terre n’ont pas accès à des installations sanitaires, les écoliers français sont nombreux à se plaindre de la propreté de ces dernières dans leur école ".

Se retenir favorise les infections urinaires
"Elles ne sentent pas bon, et elles sont souvent sales. Du coup je me retiens", témoigne au micro d’Europe 1 Roxane, neuf ans, qui file aux toilettes tous les soirs en rentrant chez elle. "Je suis quand même surpris quand l’une de mes filles arrive à la maison le soir et me dit qu’elle est pressée, parce qu’elle s’est retenue toute la journée", commente de son côté le père de la petite fille. Si Roxane n’est pas la seule à avoir ce réflexe, il est mauvais. Se retenir d’uriner toute la journée n’est pas une mesure hygiénique, au contraire, "c’est un facteur de risques qui va favoriser une infection urinaire avec un germe dont vous êtes porteur", explique le docteur Adrien Vidart, de l’association française d’urologie.

La situation au Burkina Faso n’est guère meilleure. Parfois, les élèves ne découvrent les toilettes de type moderne qu’à l’école. Ils ne les connaissent pas dans leur ménage en famille. Aussi cela pose des questions d’ergonomie et d’utilisation de façon générale. Les élèves qui méconnaissent l’utilisation vont involontairement salir celles-ci. Ce qui ne sera pas sans créer un climat de répugnance semblable à celui que dénoncent les élèves en France. Au pays des hommes intègres donc, l’accès aux toilettes n’est pas toujours le problème majeur. Il faut même une initiation à leur usage. " Avec la réintroduction de disciplines comme l’éducation civique à l’école, nous espérons que la question de l’hygiène des toilettes dans les lycées va être résolue ", déclare un professeur d’Histoire et de géographie qui a préféré garder l’anonymat. Cette belle journée mondiale des toilettes, combien d’élèves la commémorent. Commençons déjà par-là !
Synthèse de Roger SAWADOGO.


Faits et chiffres

  • 4,2 milliards de personnes vivent sans accès à des installations sanitaires, soit plus de la moitié de la population mondiale.
  • 673 millions de personnes dans le monde défèquent encore en plein air.
  • Selon les estimations, les services d’assainissement inadéquats causent chaque année 432 000 morts dues à la diarrhée et constituent un vecteur important de maladies telles que les vers intestinaux, le trachome et la schistosomiase.
  • 297 000 enfants de moins de 5 ans meurent chaque année de diarrhée pour avoir bu de l’eau insalubre ou par manque de services d’assainissement ou d’hygiène des mains.
  • Les enfants de moins de cinq ans vivant dans des pays où sévissent des conflits prolongés sont en moyenne près de 20 fois plus susceptibles de mourir de maladies diarrhéiques causées par le manque d’eau potable, d’installations sanitaires et d’hygiène que par suite d’actes de violence directe.
  • Dans de nombreux pays, les maladies causées par de l’eau insalubre ou des services d’assainissement inadéquats entraînent une perte de productivité pouvant atteindre 5 % du PIB. Source : www.un.org

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